Glory and gore (Emrys - fb)

glory and gore

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MELPOMÈNE ET EMRYS

24 MARS 1952

Les semaines avaient réussi à effacer la plupart de ses cicatrices. Sa peau opaline était encore ci et là barrée d’une ecchymose ou de l’une ou l’autre coupure mais - presqu’un mois après son retour au quartier général - les différents soins prodigués ainsi qu’énormément de repos étaient venus à bout de la plupart des stigmates de sa captivité. Seule la marque du chasseur était restée aussi vive qu’au premier jour. Balafre rougeâtre sur sa hanche, secret honteusement gardé. Si les détails de son séjour au Ministère n’avaient rien de secret, murmures parcourant le quartier général comme une trainée de poudre, la marque apposée par le Murdarov sur sa peau était restée un secret. Rares étaient ceux à avoir posé les yeux sur l’écoeurante cicatrice. S’il lui faudrait encore du temps avant de pouvoir retourner sur le terrain, Melpomène n’en débordait pas moins d’envie de se battre. Se venger pour chaque coup porté, se venger pour chaque goutte de sang versée. Elle avait trop perdu, trop sacrifié, aux mains de Grindelwald. Les morts d’Abelin, de sa femme et de sa fille, avaient laissé un goût âcre et amer sur le palais de la louve. Ces nouvelles pertes ravivaient la plaie encore béante de la chute de Janus. Ils seraient vengés. Tout comme serait vengé le patriarche Black, tout comme serait vengée la vie qui aurait dû naître. Melpomène n’était pas du genre à se laisser abattre. Princesse battante d’un empire longtemps dénigré, elle avait très tôt apprit à se relever. Ne jamais rester au sol. Jamais. Alors, la menteuse se pare d’illusions et de confiance. Qu’importe après tout que ses os soient encore douloureux et que ses muscles tirent encore par moment.

Plus que jamais, Melpomène s’applique à cacher ses fissures. Le menton haut, les épaules droites - la Black se glisse hors des murs de sa chambre. Tous vaquent à diverses occupation, le quartier général grouillant de monde et d’agitation. Ses doigts glissent machinalement le long du tatouage ornant son avant-bras, l’encre noire familière au toucher. Comme à son habitude vêtue de noir et d’or, la sorcière sourit ci et là à d’autres Mangemorts. L’ambiance a changé depuis son retour au quartier général. Tous savent à présent la bête grondant en son sein. L’influence de la lune est en effet longtemps restée un secret bien gardé, l’aveu de la lycanthrope réservé à ses plus proches amis. Janus avait en effet dans un premier temps ordonné que personne ne soit mis au courant en dehors de la première branche des Black. Il ne fait pas bon répondre aux murmures de la Dame Blanche avec Grindelwald au pouvoir. Les loups traqués, chassés, tués. Mais la sorcière n’avait alors pas pu s’empêcher de faire exception aux mots du père: Caerwyn, Aleksandr et Cain avaient été prévenus eux aussi. Sa vie confiée comme un secret. Il n’en était plus rien à présent. Sa captivité avait fait éclater des années de mensonges et de ruses. Tous savaient à présent qu’un monstre se trouvait parmi eux, Melpomène profitant d’un air supérieur de la nouvelle aura que cela semblait lui confier auprès de certains.

Mais la louve n’avait pas perdu qu’un secret en revenant parmi les vivants. Après tant d’années à cacher le moindre geste, le moindre mot - elle pouvait enfin vivre sa relation avec Caerwyn au grand jour. Elle ne voulait plus l’aimer dans l’ombre, Melpomène. C’était à présent assumé, loin des murmures et des langues de vipère. La nouvelle de leur fiançailles avaient fait se lever plus d’un sourcil mais la Black avait envoyé balader les remarques d’un haussement d’épaule. Après des années à essuyer les rumeurs d’une possible relation avec Helios, elle avait apprit à ne plus écouter quiconque dont l’opinion divergeait de la sienne. Le Lestrange était peut être son cousin, mais il était le seul à qui elle voulait dédier sa vie. Le bracelet brillant sur sa peau laiteuse comme unique preuve visible de ce lien si particulier. Il lui faudrai encore attendre avant qu’une bague ne vienne sceller leurs promesses - la fuite des Lestrange suite à l’opération de libération au Ministère ne laissant que peu de possibilités au Lestrange de se rendre à Gringotts récupérer les bijoux familiaux.

Son corps est encore endolori, la guérison amorcée mais loin d’être terminée. Elle ravale une grimace alors qu’elle entre dans la pièce principale du quartier général, se défilant des politesses d’un hochement de tête. Ses orbes sombres se posent rapidement sur la personne qu’elle est venue chercher, Melpomène adressant un léger sourire à un autre de ses cousins. Emrys. Emrys dont elle partagera bientôt le patronyme. « Emrys, est ce que je peux te parler deux minutes ? » s’enquière t’elle poliment en désignant la pièce adjacente du menton. Elle n’attend pas sa réponse avant de se glisser par la porte entrouverte, s’asseyant sur l’un des fauteuils sans tarder. Se tenir de bout lui demande encore beaucoup d’énergie, fantôme fatigué. Le Lestrange la suit, refermant la lourde porte derrière lui. Il y a quelque chose de différent au creux du visage de la Black. Quelque chose qui ne se révèle que pour sa famille et ses amis, elle qui se cache le reste du temps derrière un masque de glace. « Comment vas-tu ? » se décide t’elle enfin à souffler du bout des lèvres. Ils n’ont pas encore eu l’occasion de vraiment se parler depuis son retour parmi les serpents. Depuis la mort de ses parents. Elle sait ce que c’est, Melpomène. Elle sait ce que c’est que de perdre la chair, le sang. Ses talons glissent au sol alors qu’elle croise ses jambes sur le cuir du canapé. Les apparences de marbre sont restées de l’autre côté de la porte. Emrys fait partie de ces personnes avec qui la princesse est parfaitement à l’aise - ne se connaissent-ils pas après tout depuis leur naissance ou presque. L’un de ses premiers compagnons de jeu. L’un de ses premiers amis.