i'm frozen to the bones
Les jours s’enchainent. Un a un, calmement, lentement. Ils s’enchainent avec cette simplicité que certains recherchent, cette simplicité qu’il fuit. Il a passé une semaine loin du manoir, Eirwyn. Il s’est éloigné avec cette facilité déconcertante qui arrache un soupire faussement énervé d’entre les lèvres d’Anwen. Il s’est éloigné sans même un second regard pour Ludmila ou ses cousins, qui finiront par devenir ses propres enfants. C’est vers l’Afrique qu’il est parti, a la recherche d’artefacts précieux, poussé par l’un des banquiers de Gringotts qui a décidé de pousser le jeune humain aussi loin que possible. La, sous la chaleur subsaharienne, il a rejoint un groupe de briseurs de sorts locaux. Ses courtes nuits se sont déroulées au sein d’une tente magique, bien loin du luxe auquel il est habitué. Mais il s’en moque, Eirwyn, il s’en moque parce que ce n’est pas la richesse qu’il recherche. Il se moque de l’argent dont il est loin de manquer, il ne désire que de ressentir cette adrénaline couler au travers de son être. Il vit pour la peur qui accélère son cœur, la peur qui lui rappelle qu’il est encore vivant. Au milieu de la poussière dangereuse, il n’est plus un Slughorn, il n’est qu’Eirwyn, il n’est qu’un briseur de sorts parmi tant d’autres. Durant les premiers jours, il s’est vu offrir un traitement différent a celui d’autres. Loin de ne pas apprécier une attention particulière, il a découvert que ce traitement différent a rapidement mené à un travail plus calme. Et il n’est pas là pour le calme du monde, Eirwyn. Alors il a poussé le monde à le considérer comme l’un des leurs, à le laisser prendre des risques, à le laisser faire ses propres erreurs. Ainsi, lorsqu’il a été séparé du groupe, aucun ne s’est mis en danger pour le retrouver. Tous ont suivi les protocoles, et c’est couvert de sueur que le jeune homme a trouvé la sortie peu de temps avant que l’équipe de secours de vienne le chercher.
Les sacs remplis de ses trouvailles, il a fini par retrouver le sol Londonien. Rapidement, sa liée s’est mise au travail, cataloguant chacun de ses artefacts, décidant duquel offrir à la banque, informant le musée magique de chacune des découvertes. Il n’est pas resté à son bureau longtemps, Eirwyn, impatient de retrouver ceux qu’il n’a pas vu depuis plusieurs jours.
Celui. Celui qu’il n’a pas vu depuis plusieurs jours. Il ne peut retenir un sourire à ta voix amusée. Ludmila a clairement annoncé qu’elle ne le verrait pas avant la nuit, et il n’en est que plus ravis. À peine arrive-t-il chez lui que quelque chose l’interpelle. Le silence chuchote une douce idée à ses oreilles, et une fois certain d’être seul au sein de la large demeure, il disparait de nouveau. Quelques instants durant, le monde reste immobile, en attente. Puis, enfin, le silence se brise, s’écroule avec une violence soudaine. Aux côtés du jeune sorcier se trouve une silhouette plus large, dont la voix résonne immédiatement.
« Eirwyn, c’est pas une bonne idée. » Le Slughorn se contente de lever les yeux au ciel, souriant. Sa poigne s’empare de celle du milicien qui, malgré la solitude qui les entoure, s’en défait immédiatement, le suivant tout de même. Jacob continue de lancer quelques insultes incertaines qu’Eirwyn ignore, et ce malgré les mots qui résonnent au fond de son esprit, poussés par ton énervement qui se prend à grandir a la présence de l’amant.
La porte des appartements du sang pur s’ouvre délicatement, laissant apparaitre les détails délicats de pièces qui hurlent l’argent. L’homme n’y prête que peu d’attention, en revanche. Malgré ses soupirs et ses tentatives de paraitre ennuyé, il n’a d’yeux que pour le jeune sang pur. À peine entré dans l’antichambre, Eirwyn sent son corps se coller à celui du Bulgare, tandis que leurs lèvres se retrouvent enfin.
« As-tu fermé la porte ? » « Ferme-la, je suis pas idiot. » Les mots s’emmêlent, se perdent entre leurs gémissements. La est ce qui a manqué au briseur de sorts, le toucher de ce sorcier qui, l’année passée, n’était qu’un milicien parmi tant d’autres. Un milicien qui est pourtant parvenu à s’emparer de son cœur qu’il a toujours pensé inatteignable. L’un comme l’autre incapable de se l’avouer, ils ont fini par comprendre que c’est l’amour qui les rapproche. Doux sentiments d’hommes qui se cachent, loin du monde, loin de la vie, loin de ce qui ne leur appartient pas.
Il pousse Jacob en dehors du lit, Eirwyn, un léger rire dans le fond de sa gorge. Ils n’ont plus le temps de laisser leurs corps se toucher, de laisser leurs lèvres s’emmêler. Enfin debout, l’un comme l’autre est à la recherche des vêtements qui finissent par retrouver leur place sur leur peau respectives. C’est le milicien qui remet la chemise du Slughorn sur les épaules de ce dernier, laissant ainsi quelques boutons défaits, et une épaule découverte sur laquelle il finit par y déposer un baiser.
« T’aurais-je manqué ? » demande le sang pur dans un sourire. Son amant ne lui répond pas, se contentant de grogner quelques mots incompréhensibles avant de se détourner, à la recherche de ses chaussures. Le Gallois le suit, déposant à son tour ses lèvres dans le creux de son cou. La poigne ferme du sang mêlé s’empare de sa mâchoire, dirigeant son visage jusqu’à ce que leurs lippes ne se retrouvent.
Eirwyn !Tes murmures se réveillent une fraction de seconde avant que la porte ne grince. Il fait volte-face, Eirwyn, et ses yeux rencontrent ceux de Ludmila. Sans même un regard en arrière, il sait que le milicien a disparu dans un craquement sonore qui continue de résonner dans son oreille un moment durant.
Respire, Eirwyn. Respire. Tu tentes de calmer la panique rageuse qui se lève dans le fond de son cœur. Cette panique qui le laisse immobile, telle une statue de marbre, à fixer celle qui vient de voir ce que personne ne se doit jamais de voir.
« Bonjour Mon Cher. » La panique disparait soudainement, remplacée seulement par la colère que le sourire de la sorcière réveille.
« Tu sembles soucieux, quelque chose te tracasse ? » Il ne bourge toujours pas alors qu’elle s’avance vers lui, bien qu’il sait pertinemment que son visage hurle la rage qu’elle connait si bien. Ses yeux ne quittent pas le visage de la Bulgare tandis que ses doigts fins remontent le tissue de la chemise jusqu’à son cou, dissimulant son épaule sur laquelle il peut encore sentir le baiser qui s’y est trouvé quelques instants plus tôt.
« Voici. Ainsi tu es plus présentable. »Respire, Eirwyn. Respire. Il tente de respirer. Il sait que sa colère ne fera qu’amuser la Vasilev. Il le sait parce qu’il s’agit là d’un jeu qu’ils jouent depuis qu’on leur a annoncé leur union. Un jeu dangereux que la faible patience du Slughorn ne fait que perdre. Sa main se referme sur sa baguette qui se trouve non loin. Le sort est silencieux, mais la porte se referme dans un claquement sonore, suivit par le bruit du verrou qui se ferme. Un moment durant, ce n’est que sa respiration sourde qui remplit la pièce. Puis, enfin, il brise le silence, il laisse sa colère suinter.
« Tu n’as rien vu. » Il ne s’approche pas d’elle comme il l’aurait un jour fait, l’un comme l’autre sachant pertinemment qu’ils sont tous deux intouchables. Cette connaissance ne fait qu’attiser la haine qu’il lui porte, le laissant impuissant face à sa figure féminine.
« Rien, Ludmila, tu m’entends ? » Ses yeux se ferment un moment, tandis qu’il tente de se reprendre.
« C’est la meilleure des choses à faire. Pour nous deux. » Une déclaration qui cache une question, une demande. Mais sa fierté l’empêche de l’articuler de manière précise.