of blood and magic.

all my days are spent, all my cards are dealt. Désarticulé, l’enfant. Pantin de chair et d’os à la merci des mots qui s’échappent et s’envolent, virevoltent et s’écrasent. Vérités violentes entaillent son âme. Disloqué, le gamin, face à cette mère qui parle et conte, raconte mille-et-un mensonges, s’enfonce et tourbillonne dans un maelström d’histoires qu’elle rêverait vraies. Si elle fut belle un jour, Cora Tuttle, son fils n’en a aucune réminiscence.  Il se souvient néanmoins de la lassitude de chacun de ses mouvements, de sa faiblesse, et de son hystérie parfois. Comme lorsqu’elle était là, assise sur le sol de l’appartement sordide, ses lèvres sucrées et trop visitées régurgitant des palabres que l’innocence de l’enfant n’aurait pas dû comprendre. Pureté tailladée. Massacrée sur l'autel d'une autre vie, qui aurait peut-être pu, qui aurait peut-être dû, être sienne. "J'ai eu des clients importants," répétait-elle inlassablement, tandis qu'elle lui contait, pour la énième fois et à sa manière, l'histoire de sa naissance. "Ton père était quelqu'un d'important." Ses interrogations restaient pourtant sans réponse, cognaient contre les parois de son crâne, échos sourds et tragiques, et, chaque fois qu'il eût demandé plus d'informations au sujet du géniteur, on les lui refusa d'un geste de la main. La seule vérité à laquelle l'enfant eut droit fut que cet homme était mieux vêtu que les autres, ce pourquoi il fut considéré comme important.