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 puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2)

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MessageSujet: puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2)   puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2) EmptyMer 2 Nov - 18:50

Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Juphermès


C’était un cauchemar, une scène de guerre, une apocalypse, quelque chose d’impossible à dépeindre même dans les rêves les plus fous de Jupiter, même dans ceux où il voyait les Spasenis brûler par dizaines, même dans ceux où le pouvoir s’effritait en cendres brunes pour ne laisser qu’un amas de poussière sur le sol. Il avait rouvert les yeux alors qu’il était allongé sur le dos, le souffle coupé, la tête reposant sur le sol glacé, des frissons plein le corps alors même que les flammes avaient commencé à lécher ses joues, lentement, pernicieusement. Il avait à peine réagi aux bruits alentour, n’avait pas cillé lorsqu’Hermès l’avait extrait de la torpeur dans laquelle le sort l’avait plongé, avait seulement peiné à se redresser, à tenir debout sur ses pieds et avait finalement aligné les pas jusqu’à la ruelle où son ami l’avait laissé. Il n’avait ressenti que la douleur, Jupiter, la douleur et la peur et la honte, alors qu’il s’appuyait contre le mur, cherchant ses repères, ses yeux traçant les contours des visages et n’en reconnaissant aucun. Il avait avancé, une jambe après l’autre, épaule lourdement appuyée contre les briques rouges, un pas, Malka, celle qui est brune et qui ressemble à un soleil, un autre, Agrippine, celle qui est froide et dure et parfaite, un troisième, Stitch, celui qui est bousillé de partout et qui baise celui que j’aime, un dernier, Claire, Claire, Claire, et son propre poids était devenu soudain trop lourd, tellement qu’il s’était affaissé, ses genoux cognant contre le sol. Il avait fermé les yeux, serré les dents, s’était lentement redressé parce qu’il ne lui restait plus que quelques mètres à faire et que quelques mètres, ce n’était plus grand-chose, au point où il en était. Un pas, Hermès, un deuxième, Hermès encore, un troisième, toujours Hermès, et alors que ses dernières forces le lâchaient, il avait enfin transplané. L’appartement était trop vide, trop sombre, trop froid et trop dénué d’Hermès, de tout ce qui le rendait en temps normal si chaud, si accueillant, si douillet. Un instant, Jupiter songea à faire demi-tour, parce que l’appartement d’Hermès était le dernier endroit où il aurait dû se trouver à cet instant, alors qu’il pouvait être chez lui ou, mieux encore, à l’hôpital, parce qu’il était sûrement en train de crever et qu’il avait toujours refusé de mourir seul. Il avait hurlé, Jupiter, maintenant qu’il n’y avait plus personne pour le voir, pour le juger, maintenant qu’il était seul avec lui-même et qu’il n’avait plus rien à faire, à part prier pour que ses amis s’en sortent vivants, pour qu’il n’ait pas à lire leurs noms en première page du journal le lendemain matin. Ils iraient bien. Hermès irait bien. Et la voilà qui revenait, cette foutue culpabilité, celle qui lui tordait les entrailles et lui bouffait les veines, celle qui lui soufflait qu’il aurait mérité de rester sur place, de crever pour les autres, de se sacrifier pour ses amis, parce que les vrais héros faisaient ça et parce qu’il aurait aimé être un héros, juste une fois, pour eux, pour le monde, pour lui, aussi. Elle entravait ses pensées, la culpabilité, l’empêchait d’être cohérent, et il y eut alors la seconde de trop, celle où elle enserra son cœur davantage, celle où elle le fit s’effondrer sur le canapé, les larmes traçant des sillons brûlants sur ses joues à la chair rougie par le feu, les sanglots agitant son corps et la tristesse l’étreignant de nouveau, Malka et Agrippine et Stitch et Claire et Hermès. Il avait peur, Jupiter, peur pour lui et pour eux et pour le monde entier, peur que tout leur univers se disloque et que les salauds l’emportent enfin, parce que c’était couru d’avance, parce qu’ils connaissaient le résultat avant-même de franchir la ligne d’arrivée. Grindelwald gagnerait, au bout du compte, par le nombre et par la force, par le pouvoir, aussi. Grindelwald gagnerait, et il ne vengerait jamais Esther, ni Thelonious, ni James, il ne vengerait jamais tous ceux qui ne s’étaient jamais relevés après avoir été frappés par un Avada Kedavra sortant de la baguette de l’un de ses disciples. Grindelwald gagnerait, et ça le tuerait. A un moment, les pensées avaient fini par s’apaiser, par ne devenir que des murmures, et il s’était endormi sur le canapé. Son bras le faisait bien évidemment souffrir, lui extirpant de temps à autres des grimaces qui contrastaient avec la douceur de sa léthargie, mais il était trop fatigué pour lutter, trop blessé pour réagir. Sa cage thoracique se soulevait, lentement, imperceptiblement, alors que son souffle rauque devenait rapidement le seul bruit environnant. C’est Hermès qui rompit ce silence lorsqu’il franchit la porte d’entrée, Hermès qu’il sentit s’agiter autour de lui sans vraiment pouvoir ouvrir les yeux ni réagir, comme s’il était plongé dans un coma artificiel, conscient de chaque mouvement autour de lui mais incapable d’y répondre. Ce ne fut qu’à l’aube, au moment où le soleil vint caresser son arcade sourcilière, qu’il ouvrit enfin les yeux, lentement.

C’est la douleur qui le frappe la première, vicieuse, lancinante, comme si un poignard lui transperçait le bras, de l’épaule jusqu’au poignet. Il grimace, Jupiter, baisse le regard vers le membre estropié et ne peut que constater l’ampleur des dégâts, parce qu’à travers la chemise il devine la boursouflure, le bras qui a triplé de volume, l’entorse ou peut-être même la fracture. Rien qu’il n’ait déjà connu par le passé, mais suffisamment pour le terrifier, pour le tétaniser, pour le laisser livide l’espace d’un court instant, quelques secondes à peine. Et puis, une nouvelle problématique prend le dessus, éclipse toutes les autres, donne à son bras des allures d’anecdotes. Il est à quelques mètres de lui, Hermès, allongé sur son lit, la tête dans l’oreiller, trop peu préoccupé par le jour qui étale déjà sa couleur dorée dans son salon. Vivant. Il est vivant. Il est vivant, vivant, vivant. Le voir comme ça lui serre le cœur, à Jupiter, parce qu’il ne s’y attendait pas vraiment, parce qu’il s’est trop souvent habitué à perdre des gens auxquels il tient et qu’il est persuadé, quelque part, qu’Hermès deviendra un jour un nom parmi les autres, parmi Esther et Thelonious et James, une personne qu’il connaissait, qu’il aimait et qu’il a perdue. Il prend un moment, Jupiter, une minute à peine, pour le regarder dormir, pour observer la manière parfaitement régulière avec laquelle son torse se soulève au rythme de sa respiration, pour compter les milliers de boucles qui fleurissent sur son crâne et pour s’étonner une nouvelle fois de la beauté de ses traits, chacun d’eux. C’est ça qui fait mal, au fond. La certitude de savoir qu’il n’y aura jamais que lui.
Lentement, Jupiter se lève, chacun de ses muscles semblant hurler à la mort au moindre de ses mouvements. Le gémissement qui franchit la barrière de ses lèvres n’est pas voulu, pas souhaité, parce qu’il remarque Hermès bouger davantage, parce qu’il redresse soudain la tête et l’observe. « Bonjour », il murmure platement, et son regard l’évite soudain, comme s’il craignait qu’Hermès n’y lise des sentiments qu’il ne souhaite pas exprimer à cet instant. Il pourrait dire qu’il en veut à certaines personnes, Jupiter. A Edna, parce qu’elle avait failli le tuer et que même si c’était involontaire, c’était une coïncidence malheureuse, troublante, qui ne faisait qu’attiser le ressentiment que Jupiter lui voue. A Stitch, parce qu’Hermès était parti à sa rencontre sans se préoccuper de savoir si son meilleur ami n’allait pas crever dans un coin de rue. A Hermès. Il en veut à Hermès, et c’est sûrement le plus difficile à admettre. « Je vais y aller. » Il se lève, enfile maladroitement son manteau laissé sur le sol la veille comme un vieux tas de fripes. « Je dois m’assurer que tout le monde va bien. » Les mots sont lâchés froidement, sans un regard pour son ami. C’est assez ironique de vouloir veiller avec autant de zèle sur ses proches alors que lui-même, à cet instant, devrait se trouver à l’hôpital. Il sait, Jupiter, qu’Hermès n’hésitera pas à lui dire qu’il déconne, qu’il n’aura pas l’once d’un remord à l’attacher pour qu’il reste ici. C’est son truc, à Hermès. Retenir les gens, se rendre indispensable, et les abandonner au coin d’une ruelle puante. « Stitch est plus fragile qu’il ne semble l’être. Tu aurais dû rester avec lui cette nuit. Tu n’as rien à faire là. » Il siffle ces mots, perfidement, presque méchamment, inconscient du mal qu’il peut faire parce que lui-même souffre beaucoup plus qu’il ne veut l’admettre. Il en a pourtant trop dit, Jupiter, et au moment où il se tourne vers Hermès et capte son regard, il sait qu’aucune de ses excuses ne suffira à faire oublier ce qu’il vient d’avouer. Je suis au courant pour toi et lui et, plus que tout, ça me tue.
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MessageSujet: Re: puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2)   puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2) EmptyJeu 24 Nov - 23:51

Jupiter, Jupiter, Jupiter, ça tambourinait dans sa tête, ça tapait, tapait, tapait alors qu’il tournait, tournait, tournait. Il y avait eu le sort, il y avait eu le feu, il y avait eu Jupiter qui s’effondrait et le cœur d’Hermès qui buvait la tasse, parce qu’il avait peur, peur, peur, qu’il était terrorisé et que ça courrait dans chacun de ses muscles, dans chacun de ses gestes, que ça pulsait dans ses veines à chaque inspiration, poison, poison, poison. Il aurait dû l’embrasser avant de le laisser, il aurait dû planter ses ongles dans sa nuque et l’embrasser, il aurait dû profiter de la panique, il aurait dû, dû, dû, parce qu’il n’était pas sûr de s’en sortir, parce qu’il n’était pas sûr de s’en tirer, lorsqu’il était parti chercher Stitch et Edna, pas sûr du tout, parce qu’il allait peut-être mourir et qu’il n’avait pas encore pu dire tout ce qu’il voulait, parce qu’il allait peut-être mourir et qu’il n’était pas libre, parce qu’il allait peut-être mourir et qu’il n’était pas encore une personne, parce qu’il allait peut-être mourir et qu’il avait laissé Jupiter partir après l’avoir mis en sécurité, parce que ça ne faisait rien pour apaiser la terreur qui lui nouait l’estomac alors que l’incendie ravageait tout. Il ne pouvait pas mourir. Il ne pouvait pas mourir. Il ne pouvait pas, pas maintenant, pas après Jupiter, Agrippine, pas après Stitch et Soyan, pas après tous les gens qui avaient fini par attacher des nœuds au bout de chacun des doigts de ses mains, pas après tout le chemin qu’il avait parcouru. Il ne pouvait pas se résoudre à disparaître, pas avec Jupiter blotti chez lui, pas avec son appartement qui lui hurlait de rentrer, il ne pouvait pas, pouvait pas, pouvait pas, malgré ses poumons plein de fumée et ses doigts agrippés à Edna et Stitch alors qu’il les embarquait pour transplaner, malgré ses jambes qui menaçaient de s’effondrer sous son poids, malgré les brûlures et les blessures et toutes les marques qui le maculaient. Il ne pouvait pas abandonner, il ne pouvait pas reculer, il ne pouvait pas se laisser aller. Il aurait voulu rentrer tout de suite, pleurer, pleurer, pleurer, agrippé à Jupiter parce qu’il avait failli le perdre, parce que tout ce qu’il avait toujours craint avait failli se réaliser, il aurait voulu rentrer tout de suite, mais il était allé à Sainte-Mangouste, parce que Stitch était en mauvais état, parce qu’Edna l’était aussi, parce que Jupiter l’était et qu’il avait besoin de récupérer de quoi le soigner, parce qu’il était hors de question qu’il le laisse mourir des suites de ses blessures sur son parquet. Il avait à peine noté le regard de l’infirmière sur ses blessures, avait écarté d’un geste de la main sa suggestion de rester, s’était évaporé, dès qu’il l’avait vu, parce que ça palpitait, le tirait, le tiraillait, parce que chaque fibres de son être criaient Jupiter, Jupiter, Jupiter et qu’il était incapable de les faire taire, parce que chaque pensées hurlaient rentre, rentre, RENTRE et qu’il était toujours là, parce que son corps allait bientôt lâcher, céder, rentre les armes et qu’il ne voulait pas, pas là, pas tout de suite. Jupiter dormait déjà lorsqu’il était arrivé. Il n’avait pas fait de bruit, n’avait pas allumé la lumière, robot mécanique dans l’obscurité alors qu’il négociait avec ses plaies et ses fêlures, à genoux à la tête du canapé alors qu’il pressait son front contre l’épaule de Jupiter, pour calmer la panique qui le secouait, pour apaiser les tremblements, repousser la peur qui prenait le pas sur l’adrénaline, la goule qui plantait ses ongles dans son crâne, qui lui chuchotait tout bas à quel point il avait été prêt de le perdre.

Il ne se souvenait plus comment il avait réussi à regagner son lit, ce soir-là. Il ne se souvenait plus de s’être redressé, il ne se souvenait plus d’avoir marché, il ne se souvenait plus d’avoir embrassé le front de Jupiter alors que ses jambes vacillantes le portaient à peine jusqu’à son lit, alors qu’il s’allongeait tout habillé, maculait de sang et de suie ses draps, se laissait sombrer dans une inconscience dont il n’était pas sûr de pouvoir se relever. Il était rentré, rentré, rentré, et c’était tout ce qui importait lorsqu’il s’était endormi. Il était rentré, rentré, rentré, et Jupiter était en vie et c’était tout ce à quoi il pouvait penser alors que son corps s’éteignait comme une machine dont on aurait relevé l’interrupteur, alors que tout s’évaporait d’un coup. Il ne souvenait plus de comment il avait réussi à regagner son lit, c’était vrai. Il se souvenait, en revanche, de comment il s’était réveillé. C’était une habitude stupide, en réalité, celle de dormir avec sa baguette sous l’oreiller, celle de ne jamais dormir profondément, celle de ne jamais manger dos à la porte ou à la cheminée, de ne jamais être assis dos à une porte ou à une cheminée, une collection d’habitudes stupides qu’il avait glané à force d’être auror, à force d’être en danger, à force d’être un danger. Son corps avait su avant que son esprit ne l’interprète que quelque chose bougeait, que quelqu’un bougeait, que Jupiter bougeait. Ca n’avait pris qu’une seconde pour qu’il se réveille et pour que tout lui retombe dessus alors que ses yeux se déplaçaient sur Jupiter, visage, bras, aspect général, visage, yeux, bouche, le regard fuyant et la posture étrange et il avait dégluti, en se redressant, parce qu’il savait que quelque chose n’allait pas, parce que c’était évident, parce que ça ne pouvait pas lui échapper, pas après quinze ans, pas après tout ce temps, parce qu’il ne connaissait personne comme il connaissait Jupiter, parce qu’il ne connaîtrait personne comme il le connaissait. Il s’approchait de lui lorsque les mots l’avaient cueilli, comme un crochet dans le ventre ou un plongeon dans une eau trop froide, comme une sensation horrible et attendue, un retour qu’il aurait dû attendre, qu’il aurait dû prévoir, qu’il aurait dû deviner. Il était à une longueur de bras de lui lorsqu’il s’était arrêté, pour le regarder, les yeux encore lourds de sommeil, le corps tendu par la confrontation à venir.

« Assieds-toi, Jupiter. » avait-il demandé, doucement, parce qu’il était hors de question qu’il ait cette conversation debout, hors de question qu’il le laisse partir avec un bras en miette et un cœur au bord du gouffre. « J’ai ramené de quoi soigner ton bras de Sainte-Mangouste. » Il n’ignorait pas ses paroles, pas du tout, cherchait ses yeux, une accroche, quelque chose, alors qu’il tendait la main, finalement, pour pousser doucement dans son dos et l’obliger à retourner vers le canapé, alors qu’il attirait son sac d’un sort, parce qu’il craignait que Jupiter ne parte s’il le lâchait des yeux, qu’il ne s’évapore s’il osait s’éloigner. « Tu es plus fragile que tu ne le parais aussi. » avait-il fini par souffler, tout en dévissant le bouchon du pot. Il avait un goût amer dans la bouche, un goût de déjà vu, un goût d’une autre fois, plus heureuse et moins douloureuse. Il avait les yeux posés sur le bras de Jupiter, une seconde, les mâchoires serrées et un poids sur le torse : « Je fais mes propres choix, Jupiter. Ils ont des conséquences et je les assume. Je le fais depuis que j’ai neuf ans. Je l’ai fait à onze ans quand je suis tombé amoureux de toi, à quatorze quand j’ai renoncé, toutes les années entre quand je me suis rapproché de Jedusor, quand j’ai quitté le manoir de mon père, quand je suis devenu Mangemort, quand je suis devenu auror, quand j’ai failli mourir dans un incendie, quand je me suis jeté dans un autre incendie parce que tu as. » Il avait avalé le sanglot qui avait brisé sa voix, avait froncé les sourcils, pour se reprendre. « Failli mourir. Je fais mes propres choix et je suis rentré, ce soir, parce que j’ai besoin d’être là, j’ai besoin de savoir que tu es en vie, j’ai besoin de savoir que tu ne vas pas mourir. » Il avait fermé les yeux, avait inspiré profondément, pour ignorer les douleurs et les brûlures et les plaies qui cicatrisaient à peine et que l’air irritait. « Tu n’as pas le droit de me dire d’aller voir Stitch plutôt que de rester à tes côtés. Déshabille-toi, que je soigne ton bras. »

Et la voix était basse, et dure, et sans concession, et le ton était presque froid, net, professionnel, parce que ce n’était pas le désir, pas l’envie, que c’était le besoin, qui le motivait, un besoin glacial et clinique de plaquer ses mains sur sa peau et de le réparer, parce qu’il ne pouvait pas réparer les fissures qu’il avait créé, parce qu’il n’y avait rien qu’il puisse faire pour le reste, parce qu’il n’y avait rien qu’il puisse espérer sauver maintenant que tous ses secrets étaient étendus devant eux et que Jupiter était écœuré par ce qu’il était.

« Les autres vont bien. » avait-il soufflé, les doigts plein du baume qu’il s’apprêtait à appliquer sur son bras. « Je me suis renseigné avant de rentrer. »

Et il pouvait bien lui offrir ça pour le retenir.


Dernière édition par Hermès Travers le Ven 25 Nov - 12:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2)   puisqu'on ne vivra jamais tous les deux (Juphermès 2) EmptyVen 25 Nov - 11:03

Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Juphermès


Jupiter n’avait pas l’habitude d’être immature. C’était un fait établi, clairement, nettement, un diagnostic écrit à l’encre noire. Il n’avait pas l’habitude d’être immature parce qu’il était trop sérieux, parce que la vie ne l’avait certainement pas gâté, parce qu’il n’avait pas eu le temps d’être un gamin, pas eu le temps d’être un adolescent non plus, parce qu’il avait été plongé directement dans le grand bain et qu’il avait tout fait pour ne pas se noyer, Jupiter, il avait battu des bras, il avait essayé de nager, il avait à peine flotté parce qu’on ne lui avait jamais appris, il avait coulé, parfois, mais était toujours remonté à la surface, et sa bouée s’appelait Hermès. C’était étrange, ça, qu’Hermès soit celui qui le sauve, tout le temps, celui qui le surveille, celui qui regarde s’il arrive à maintenir la tête hors de l’eau, étrange parce qu’Hermès avait toujours été trop jeune, trop fragile, trop perdu pour Jupiter, Hermès avait toujours été celui qu’il fallait protéger et pas parce qu’il n’avait pas confiance en lui mais de manière très égoïste, parce que Jupiter refusait de connaître un monde sans Hermès. C’avait été établi depuis longtemps, depuis leurs premiers courriers, depuis qu’il avait décidé de ne se confier qu’à lui et plus à Claire ou Esther, depuis qu’Hermès avait pris absolument toute la place dans son cœur, Hermès, Hermès, Hermès, depuis qu’il avait vingt ans et Hermès quatorze et qu’il lui avait écrit tu es mon meilleur ami, depuis qu’il s’était dit qu’il en crèverait s’il lui arrivait malheur. Jupiter n’était certain de rien ni de personne, et la seule chose qui pesait comme une affirmation dans son cœur, c’était qu’il l’aimait, qu’il l’aimait plus qu’il n’aimerait jamais personne, qu’il l’aimait plus que Claire et tellement plus qu’Esther, qu’il l’aimait et que ça durerait toujours, malgré les trahisons et les colères, malgré les coups de sang et les larmes, il l’aimerait toujours et c’était déchirant, quelque part, de voir qu’Hermès semblait parfois en douter. Il avait eu peur, Jupiter, tellement peur pour lui et pour les autres, mais surtout pour lui, tellement peur de se réveiller pour trouver l’appartement vide et de se demander où il pouvait bien être, tellement peur de se voir annoncer qu’il était tombé avec les autres, les fous, ceux qui étaient restés jusqu’au bout, tellement peur parce qu’il se sentait responsable, parce que s’il n’avait pas bravé le feu pour chercher Agrippine, le sort d’Edna ne l’aurait pas touché et Hermès n’aurait pas été obligé d’aller le chercher, pourquoi, pourquoi, pourquoi fallait-il toujours qu’il n’en fasse qu’à sa tête, pourquoi ne pouvait-il pas être sage et écouter ce qu’on lui disait, pourquoi fallait-il toujours qu’il joue aux héros alors qu’il n’était pas Auror, alors qu’il n’était rien. Il avait pleuré, Jupiter, il avait attendu, agrippé au tissu du canapé jusqu’à ce que la fatigue l’emporte, jusqu’à ce que ses paupières soient trop lourdes pour tenir ouvertes et qu’il succombe à l’appel du sommeil.
Il s’était réveillé avec la même douleur en pleine poitrine, avec la même culpabilité terrassante parce qu’il avait remarqué les brûlures sur le visage de son ami et qu’il avait pensé c’est de ma faute, parce qu’il avait pourtant fui, comme toujours, sans lui demander s’il allait bien, alors que c’était la seule question qui le tourmentait, qui l’obsédait. Il ne s’attend pas à ce qu’Hermès s’approche, à ce qu’il brave la distance que Jupiter leur impose une nouvelle fois, à ce qu’il lui demande de s’asseoir et de rester pour qu’il le soigne. En réalité, il ne sent presque plus la douleur qui lui enrobe le bras parce qu’elle est remplacée par celle qui comprime son cœur, qui lui fait détourner les yeux lorsqu’Hermès s’approche, qui lui fait écouter ses mots en se maudissant, en retenant ses larmes, en ne le regardant à aucun moment parce qu’il a trop mal et parce qu’il a simplement envie qu’il arrête de parler, qu’il arrête de lui dire ces choses qu’il sait et qui le blessent, quatorze quand j’ai renoncé alors que c’est le moment précis où Jupiter a ressenti quelque chose, quelque chose d’autre qu’il n’a jamais réussi à nommer mais qui filtrait à travers leurs correspondances et ses ratures, quelque chose qu’il n’aurait pas pu comprendre même si on lui avait foutu la vérité sous les yeux. Il était stupide, Jupiter, bien trop stupide, parce qu’il n’avait pas réussi à convaincre Hermès de se détacher de Jedusor, parce qu’il l’avait bêtement suivi dans un combat auquel, au fond, il ne croyait pas, parce qu’il n’avait même pas réussi à lui faire comprendre à quel point ils avaient tort, tous les deux, lorsqu’ils pensaient s’être ratés, parce que s’ils s’étaient vraiment ratés, ils ne seraient pas en train de se dénuder en permanence pour exposer leurs sentiments, ils ne seraient pas là à exprimer leur amour de la manière la plus complexe qui soit, sans jamais dire les mots, sans jamais les comprendre. Il ne l’écoute qu’à moitié, Jupiter, ne cherche plus à l’écouter, comprend seulement que les autres sont en sécurité, obéit lorsqu’il lui intime de se déshabiller, mâchoires serrées pour ne pas hurler lorsqu’il bouge son bras droit, laisse d’abord tomber le manteau puis s’attaque à la chemise qu’il déboutonne maladroitement, pour finalement dévoiler les boursouflures et les ecchymoses qui recouvrent son membre, de l’épaule au poignet. Ce sont les doigts d’Hermès contre sa peau qui lui arrachent finalement le cri de douleur qu’il retenait depuis quelques minutes déjà, hurlement qui s’accompagne de sanglots, d’abord discrets puis assumés, toute sa cage thoracique se secouant alors qu’il murmure « je suis désolé », doucement, presque imperceptiblement. Il est désolé et ça le transperce, ça le tue, désolé d’être un sale con, désolé de lui avoir fait peur, désolé de lui avoir fait risquer sa vie, désolé, désolé, désolé, et de sa main valide, il attrape les doigts d’Hermès, se foutant royalement de la crème qui vient tapisser sa paume, et n’attend presque pas qu’il relève les yeux pour l’embrasser, l’embrasser avec douceur, tristesse, culpabilité aussi, l’embrasser parce que c’est tout ce qu’il souhaite faire, tout ce dont il ait besoin et tout ce que son cerveau soit en mesure de lui accorder. Il serre sa main et inonde Hermès de baisers, mâchoire, joue, cou, l’attire finalement contre lui, déstabilisé et choqué et amoureux, se moquant éperdument de son bras blessé qui continue de le faire atrocement souffrir. « Ne me refais plus jamais ça, Hermès, ne me laisse plus derrière alors que tu retournes au combat, ne me laisse plus être inutile et impuissant et incapable de te sauver parce que j’en mourrais s’il t’arrivait malheur, Hermès. J’en mourrais. » Il ne sait pas quels mots Hermès parvient à comprendre parce que les sanglots en étouffent certains, parce qu’il parle contre sa peau et aussi parce qu’il ne fait pas l’effort de détacher les syllabes, enchaînant les phrases beaucoup trop vite, mais il parle et n’arrive pas à s’arrêter, il a beaucoup trop de choses à lui dire et pas assez de temps, jamais assez de temps. « J’ai eu tellement peur » il murmure, prononce cette phrase en boucle, incapable de trouver autre chose à dire, traumatisé dans sa chair en repensant à ce qu’il aurait pu perdre, à ce qu’il aurait dû perdre, parce que si Hermès s’en était tiré presque indemne, c’était un coup de chance, un heureux hasard, c’était définitivement pas dans les plans. Il tremble, Jupiter, de tout son corps, il tremble et jamais Hermès n’a dû le voir comme ça, aussi dérouté, aussi perdu, aussi faible et aussi démoli, il tremble alors qu’il recule et observe l’Auror, regarde les brûlures qui constellent son visage. « Il faut que tu retournes à Sainte Mangouste, Hermès. Ça ira pour moi, ne t’en fais pas », il souffle, les sanglots dans sa gorge presque éteints, sentant à peine ses propres brûlures qui se sont réveillées sous le sel de ses larmes. « J’ai été Auror avant toi », il ajoute à mi-mot, parce que ce n’est pas souvent qu’il rappelle cette période de sa vie, celle qui fait mal parce qu’il avait tout perdu, celle qui lui rappelle leurs échanges épistolaires et leur aveuglement mutuel. Comme pour s’excuser d'évoquer ça, il dépose un baiser sur ses lèvres, le genre de baiser auquel ils ne sont pas habitués, court et simple, comme s’il s’agissait d’une habitude, comme s’ils s’aimaient explicitement et surtout, comme s’ils l’assumaient.
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