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 dream a little dream of me (Andoïse)

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MessageSujet: dream a little dream of me (Andoïse)   dream a little dream of me (Andoïse) EmptyJeu 24 Nov - 10:17

Anders & Eloïse
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night breezes seem to whisper i love you


Le rituel est toujours le même, un cycle sans fin de petits gestes et d’habitudes inexplicables, que seul l’esprit fou d’Eloïse peut véritablement comprendre.
D’abord, la boîte à musique. Il faut tourner le petit bouton doré six fois, pas une de plus, pas une de moins, et la poser à côté de la coiffeuse, en évidence. Clic, clic, clic, clic, clic, clic. Les notes s’échappent de l’écrin doré, volatiles, légères, la mélodie se glisse dans les oreilles de la brune jusqu’à lui tirer un soupir de satisfaction, ah elle souffle alors qu’elle s’assied devant le grand miroir, ah elle murmure alors qu’elle dénoue ses cheveux et les démêle du bout des phalanges. Elle n’a jamais beaucoup aimé le silence, Eloïse, parce qu’elle a toujours la tête trop remplie et que quand ce n’est pas la musique qui joue, c’est l’opéra incessant des sentiments d’autrui qui s’empare de chacun de ses neurones pour ne plus les lâcher, comme un chien affamé tirerai sur la patte d’une brebis jusqu’à l’arracher. Elle n’aime pas le silence, parce que qui dit silence dit absence de son pour la distraire, et elle a besoin, oh tellement besoin de distraction, Eloïse qui rit toute seule en écoutant la musique, Eloïse qui secoue doucement la tête au rythme des notes, comme si rien d’autre n’existait. « Deux minutes », elle entend, fronçant les sourcils à cette interruption indésirable. Elle sait, deux minutes. Ça fait quatre ans qu’elle le sait, en réalité, quatre ans de deux minutes parce qu’il est 21h58 et qu’elle sait que sa garde est à 22h (marrant de parler de garde pour du tapinage d’ailleurs, non ?), quatre ans de deux minutes braillés en fond sonore à une Eloïse trop absente, une Eloïse aérienne, à vingt-mille lieues d’ici et plus encore. Elle se souvient des chansons qu’elle fredonnait quand ça allait mieux, quand elle n’était pas encore au fond du trou ou dans les étoiles, la Moonlight Serenade qui était bien trop belle et qui lui restait dans la tête des jours durant. Elle fredonne, Eloïse, se plait à siffler même, ses doigts s’affairant désormais à attacher la rune rouge près de son décolleté. C’est ensuite au tour du visage, sur lequel elle applique des produits dont elle ignore les noms mais dont on lui a vanté les mérites, des fards qui colorent les joues et les paupières, des rouges qui lui teintent les lèvres. Elle ne sait pas si elle en met trop, Eloïse, parce qu’honnêtement, c’est déjà un miracle qu’elle sache qu’est-ce qui correspond à quoi. Elle se trouve jolie, elle, même si certains clients pincent les lèvres quand ils la voient (et elle est certaine que c’est le rouge à lèvres bien trop rouge qui fait cet effet là mais elle n’en dit rien, parce que c’est l’Opiumerie qui paye et qui choisit les coloris alors on ne va pas se plaindre non plus). Elle se trouve jolie et elle sourit en voyant son reflet, envoie même un baiser comme si elle était une star de cinéma. Ça lui arrive, des fois, quand elle a trop bu ou pris trop de cachets, de s’imaginer comme Ginger Rogers, en tête d’affiche et sous les projecteurs, loin des malheurs du monde sorcier et en parfaite sécurité chez les Moldus. Ce serait plus simple, non ? Prétendre que tout ceci n’était qu’un rêve : les pouvoirs, la magie, le don et Anders un peu, aussi. Anders devait être un rêve, pas vrai ? Autrement, jamais il ne serait parti pour ne plus revenir. C’est ce qu’elle se dit et une larme coule sur sa joue, doucement, alors que son sourire irradie pourtant, à en faire péter ce fichu miroir tellement il semble sincère. Faut croire que même si elle ne joue pas pour le cinéma, Eloïse est une excellente actrice.

« C’est à toi de jouer » lance la voix derrière la porte, après avoir donné un petit coup contre le bois vermoulu. Elle fronce les sourcils, Eloïse, plisse le nez et avance les lèvres, penchée sur le miroir comme si elle réprimandait un enfant désobéissant. « Tu vas y arriver Elo, d’accord ? C’est pas compliqué, tu fais ça tous les soirs. Tu fermes ton esprit, t’occultes tout, tu prends juste ce que tu veux, comme si tu allais au marché » et elle éclate de rire, démente et splendide, avant de reprendre de plus belle, « tu prends le plaisir et l’amour et tu oublies leur mépris, tu t’en fiches royalement de leur mépris ok ? Tu vas y arriver parce que t’es un diamant du sexe, ok ? » elle dit, doigt pointé vers la glace, cet air encore viscéralement sérieux plaqué sur son visage comme un masque. Elle a du mal à sortir de ce rôle, Elo, ne le fait qu’au bout de quelques secondes, parce qu’elle sait que dès qu’elle sera sortie de cette chambre, elle devra se montrer sous les traits d’une Eloïse sensuelle et charmeuse qui ne lui ressemble définitivement pas. Elle n’a pas vraiment envie, en fait. Pas envie de franchir cette porte, pas envie de voir des regards lubriques la déshabiller. Pas envie, au fond, d’être dans leurs bras mais de souhaiter être ailleurs, malgré le désir qui la perfore et l’orgasme au bout du tunnel. Son don n’est pas assez fort pour lui faire oublier qu’ils la dégoûtent.
Elle pousse la porte, pourtant, comme chaque soir. Elle pousse la porte et tousse, parce que l’Opiumerie sent un peu trop le tabac, parce qu’on n’y voit pas plus loin que le bout de son nez et aussi parce qu’elle entend beaucoup de bruit venant du dessous et qu’elle sait qu’elle n’y échappera pas, que ce soir encore, il y aura bien un gus pour la trouver belle et la vouloir pour lui tout seul. C’est lentement qu’elle descend les marches, ses talons claquant contre le parquet à chaque pas, clac, déstresse Elo, clac, si ça se trouve, c’est le soir où tu vas gagner le jackpot, clac, tu pourras t’acheter cette tenue d’aviateur absolument magnifique que tu as vue l’autre jour, clac, même si bon, on va pas se mentir, ça ne te servira à rien de l’avoir. Sourire de façade, yeux papillonnants et mains lascivement posées sur ses hanches, elle s’appuie légèrement contre la rampe avant de balayer la salle du regard et sursaute soudain. Son cœur se déchire, douloureusement, sans prévenir, avant de se recoller tout seul et de bondir hors de sa poitrine, parce qu’il est là, plus beau qu’il y a huit ans (huit ans, déjà ?), plus beau que jamais en fait, plus beau que tous les hommes réunis ici et même s’il était défiguré, même s’il n’avait plus de bras et qu’il bavait, ce serait lui, lui lui lui. Elle ne sait pas si elle marche ou si elle court, Eloïse, mais en tout cas, elle ne réfléchit plus. Arrivée près d’Anders, elle ne prend même pas la peine de dire bonjour mais hurle presque, surtout pour que la patronne l’entende. « Oh, vraiment, vous voulez passer la nuit avec moi ? Mais monsieur voyons, il y a d’autres clients ! » Elle prend un air outré, bras croisés sur sa poitrine et lèvres en avant, ignore les balbutiements du métamorphomage. « Comment ça, m’offrir la lune ? Mais nous ne nous connaissons pas ! » Sa voix porte, plus fort encore, et presque tout le monde s’est retourné sur eux, observant dans un mélange d’incrédulité et d’amusement le manège de la jolie prostituée. « Oh, je vois, dans ce cas alors, ça change tout », elle répond, l’air revêche remplacé par un large sourire, absolument pas consciente que personne n’a pu mordre à l’hameçon parce que personne, précisément, n’a vu Anders prononcer un seul mot. Ce n’est pas grave parce que c’est Elo, parce qu’elle est folle à lier mais aussi parce que ça a marché et qu’elle peut bien passer la nuit avec qui elle veut, en réalité, tant qu’elle laisse sa chambre impeccable au matin pour la garde suivante. Avant que quiconque n’ose remettre en question l’échange surréaliste qui vient de se produire, elle attrape la main d’Anders et l’entraîne à sa suite, tellement pressée d’être seule avec lui qu’elle monte les marches quatre à quatre et s’empresse de verrouiller la porte lorsqu’ils sont enfin à l’abri des regards. Un instant, elle reste là, une main appuyée contre la poignée et regard baissé, incapable de savoir quoi dire, quoi faire, pas encore sûre des sentiments exprimés par Anders (peur ? pitié ? nostalgie ?). Ce dont elle est sûre, en revanche, c’est qu’elle ne veut pas le lâcher, pas maintenant qu’il est revenu, pas maintenant qu’il a jeté l’ancre ici et même s’il ne doit rester qu’une nuit. Elle partirait avec lui au petit matin. « Bonjour Anders », elle se contente de dire en se retournant, un sourire plus large qu’elle ne le voudrait sur ses lèvres et des larmes plein les yeux. C’est sans prévenir qu’elle l’approche presque d’un bond, harponne son cou et s’accroche à lui comme si sa vie en dépendait. « Je savais que tu allais revenir un jour. Tout le monde disait que j’avais tort et que j’étais folle de penser que tu me retrouverais, en plus, les lettres ne sont jamais arrivées, mais je le savais, Anders. J’avais confiance. » Les derniers mots sont soufflés alors qu’elle pose doucement sa tête contre le torse du métamorphomage, et pour la première fois depuis des années, elle se sent en sécurité.
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MessageSujet: Re: dream a little dream of me (Andoïse)   dream a little dream of me (Andoïse) EmptyJeu 24 Nov - 22:39

« Anders, » écrit une plume familière et il y a le fantôme d’un sourire sur le visage de ce dernier alors que ses yeux traînent sur le reste du courrier. « après des années à nous manquer, peut-être serait-il temps de boire un verre ensemble. Mes dragons m’ont enfin laissé une minute de libre et je suis en transit en Angleterre ; je passe la nuit sur Londres, peut-être pourrions-nous nous rencontrer ? » Il n’a pas besoin de la signature pour savoir que c’est Dorian, pas besoin de grand-chose en réalité pour savoir qu’il a vraiment, vraiment, vraiment envie de le revoir. Ce n’est pas tant qu’il apprécie particulièrement de rencontrer à nouveau d’anciens amants, c’est juste que Dorian a toujours été autre chose, plus, différent, et qu’il y a entre eux vingt ans d’amitié qui n’a jamais faibli, jamais failli. Les yeux brillants, il dissimule son sourire derrière les feuilles lorsqu’Alistair pénètre dans le bureau. Il sait que son collaborateur remarque, parce qu’Alistair le connaît trop bien, parce qu’Alistair l’a vu avec Dorian, parce qu’Alistair l’a vu avec Eloïse, parce qu’il l’a vu avec d’autres, parce qu’il sait reconnaître ce visage entre tous. Il accepte sans moufter la paire de gant qu’on lui expédie au visage, éclate de rire en entendant le soupir exagéré. Il y a de la camaraderie entre toute autre chose dans la délégation diplomatique, un sens de la fidélité exacerbé, quelque chose qui ressemble parfois dangereusement à du nous contre eux, quelque chose dont il doit arrondir les angles, polir les bords acérés, pour éviter les impairs, pour éviter les faux-pas. Alistair reste un frère, pourtant, au même titre que Nathaniel ou Cassandra ou Cole, au même titre que tous les autres qui ont travaillé à ses côtés auparavant. Il ne lui vient pas à l’idée de refuser lorsque Nathaniel insiste pour rencontrer Dorian, ça ne lui traverse pas l’idée de dire non lorsqu’il propose d’organiser leur soirée.

Merlin, s’il avait su.

Anders n’aime pas l’Opiumerie. Ce n’est pas qu’il a quelque chose contre les bordels, de façon générale, ou contre les prostituées, globalement, mais il y a quelque chose de glauque tapi entre les murs de celui-là et il peut le flairer à dix kilomètres. Il aurait dû rouler des yeux lorsque Nathaniel avait proposé, aurait dû soupirer, fort, aurait dû dire non, parce que rien qu’à sa tête il peut deviner que c’est une idée débile, parce que Nathaniel est un spécialiste des plans foireux, parce que ce n’est pas un problème qui lui tombe dessus quand il lève le petit doigt, c’est mille ou plus et que personne ne peut rien faire contre autant de malchance, pas même un mec aussi décontracté qu’Anders pour ce que ça vaut. C’est plein d’air, la tête de Nath, dit parfois Cole quand ils fument tous les deux à la fenêtre du grand bureau d’ambassadeur que s’est vu attribuer Anders. Si d’habitude il tente de venir en aide à son collègue, il ne peut pas s’empêcher de se dire cette fois que peut-être, peut-être l’accusation n’est pas si infondée que ça. La tête de Nathaniel est pleine d’air et celle d’Anders est pleine de fumée, alors qu’il laisse ses yeux vagabonder sur le décor, quelque chose comme de la mélancolie dans le ventre alors qu’il étend les jambes sous la table qu’ils partagent tous. Dorian les a rejoint avant qu’ils arrivent à l’Opiumerie et le groupe s’est refermé autour de lui. C’est une évidence, Dorian et Anders se ressemblent et les autres aiment bien trop Anders pour détester Dorian. Ils parlent, parlent, parlent, regardent les filles, les garçons, s’enivrent. Il y a quelque chose comme de la débauche dans l’air, quelque chose d’épais et de visqueux et il ne sait pas mettre le doigt dessus. Il y a quelque chose qui ne colle pas, quelque chose qui ne va pas, une catastrophe en devenir et, les doigts enroulés autour de son quatrième verre de whisky-pur-feu, il ne peut s’empêcher de se demander quoi. Il se sent bien, ce n’est pas le problème. Sa hanche ne le lance pas, il ne souffre pas des douleurs fantômes qui le paralysent parfois. C’est quelque chose dans l’air, peut-être, quelque chose, autour, quelque chose qui se glisse dans sa gorge et dans son nez et dans ses yeux ou peut-être que ce n’est qu’une illusion, peut-être qu’il a trop bu, peut-être, peut-être, peut-être. Quand Alistair rit, il rit avec lui.

Il ne l’a pas vue, pas encore.

Elle n’est pas encore à ses côtés lorsqu’il la voit mais il lui faut entendre sa voix pour qu’il la reconnaisse. C’est un étrange sentiment, de la regarder dans les yeux, une étrange sensation, parce qu’Eloïse, ça a toujours été comme mettre la tête sous l’eau ou comme passer ses doigts au-dessus d’une flamme, parce qu’il a embrassé chaque parcelle de sa peau et qu’il lui a apporté des tartines grillées, parce qu’il lui a étalé de la confiture sur la joue et qu’il a ri, les lèvres contre sa nuque. Eloïse, c’est étrange et particulier, parce que ça n’aurait jamais pu durer mais qu’il a essayé, de revenir en Angleterre, parce qu’il y a quelque chose qu’il ne peut pas définir et qui lui a agrippé le ventre comme un hameçon, qui le ramène vers elle, encore et encore, une vague qui le balance sur la plage sans qu’il ne puisse souffler un mot, sans qu’il ait réellement le choix. Eloïse, c’est tout est rien, mais ce n’est pas ici, vraiment pas, et le choc le tétanise alors qu’il la laisse l’entraîner par la main. Il se souvient de la douceur de ses cheveux et du contact de ses cils contre sa peau, il se souvient qu’elle avait des rêves plein les yeux et le sourire facile, il se souvient de l’avoir kidnappée, un soir, pour la faire monter sur le toit de l’hôtel où il logeait pour lui faire observer les étoiles. Il se souvient l’avoir aimé, à sa manière, de cette façon intense et terrible et courte parce qu’il ne reste jamais, il se souvient de l’avoir aimé, complètement, entièrement, terriblement. Il se souvient avoir attendu, à chaque promotion, le jour où il pourrait revenir en Angleterre pour voir où le temps l’avait conduite.

Il ne comprend pas.

Il la tient dans ses bras et il ne comprend pas. Elle appuie son front contre son épaule et il ne comprend pas. Il ne sait pas quoi faire, parce que la situation le dépasse, parce qu’il ne s’attendait pas à la trouver là, parce qu’elle n’a rien à faire là. Il ne sait pas quoi faire, alors il enroule ses bras autour d’elle, aussi fort qu’il le peut, parce qu’il y a des nœuds qui se créent dans son ventre et qu’il déteste cela. Il embrasse son front et le sommet de son crâne et sa tempe, cherche une odeur familière, quelque chose de plus que les manières et la voix et les yeux, quelque chose qui lui fasse réaliser que ce n’est pas un rêve, que c’est Eloïse, Eloïse, Eloïse et qu’elle ne disparaîtra pas.

« Je suis là. » affirme-t-il d’une voix plus assurée qu’il ne l’est réellement. Il ne sait pas à quel point il peut se permettre d’être familier avec elle, ne sait pas où les frontières sont, si elles sont les mêmes que dix ans auparavant ou si elles ont bougé, s’il peut se permettre de la soulever dans ses bras pour la tenir plus près. « Je suis désolé, je n’ai reçu aucune de tes lettres. » Désolé de ne pas en avoir envoyé, aussi, parce qu’il est trop tête en l’air, parce que ça ne lui est pas venu à l’esprit lorsqu’ils avaient dérivé loin l’un de l’autre, parce qu’il n’était pas certain qu’elle voulait encore entendre parler de lui, à l’époque. Il la saisit par la taille et la porte, finalement, pour enfouir son visage dans son cou, pour chercher du réconfort, chercher à stabiliser le chaos qui l’agite. « Qu’est-ce que tu fais ici, Eloïse ? » demande-t-il tout bas, finalement, même si la réponse est évidente, même s’il le sait, dans le fond. Il a besoin de l’entendre, il a besoin qu’elle le dise, il a besoin qu’elle enfonce les derniers clous dans la culpabilité qui pointe le bout de son nez, la culpabilité qui lui dit que Grindelwald a enterré les rêves d’Eloïse et qu’il aurait pu aider, qu’il aurait pu l’emmener, s’il n’était pas parti. « Comment tu vas ? » ajoute-t-il, ensuite, comme une seconde pensée, parce que la question lui paraît dérisoire et importante tout à la fois, parce qu’il y a quelque chose comme de l’agonie dans son cœur alors qu’il s’appuie dos à la porte. Il passe sa main à plat contre son dos, pour la soutenir, colle son front contre le sien pour la regarder, étudier son visage sur lequel le temps a passé, jouer au jeu des sept différences avec ses souvenirs. Il a envie de lui dire qu’il est là pour un moment, envie de lui dire qu’il ne part pas avant longtemps, envie de lui dire qu’elle peut continuer à s’agripper à lui parce que cette fois-ci, il n’aurait pas besoin de revenir. Quand il plante ses yeux dans les siens, il sait qu’il ne rentrera pas en Australie cette année pour le Nouvel An.

Il a laissé trop de choses en friche, ici.
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MessageSujet: Re: dream a little dream of me (Andoïse)   dream a little dream of me (Andoïse) EmptyVen 25 Nov - 9:36

Anders & Eloïse
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Eloïse avait souvent pensé à Anders, comme on se rappelle des reliques du passé que l’on aime mais que l’on a presque oublié : les berceuses de sa mère, les feux de camp au bord de la Tamise, l’odeur de l’ourson avec lequel elle dormait quand elle était petite. Anders s’était ajouté à cette liste de choses toutes plus banales les unes que les autres et, à dire vrai, plus le temps passait et plus elle peinait à se souvenir de certains détails. Elle ne l’avait pas connu longtemps, en réalité, pas suffisamment longtemps pour qu’il occupe une case complète dans son cerveau, pas assez non plus pour qu’il survive aux divers traitements médicamenteux qui avaient, au fil du temps, anesthésié une bonne partie de sa mémoire. Elle avait la petite vingtaine, Eloïse, quand elle avait rencontré Anders. Vingt ans à peine et le cœur plein de rêves et d’espoirs, psychomage aux portes de son avenir, jeune-femme tourmentée mais heureuse, vingt ans tout juste et le cœur neuf, l’âme encore préservée de tout ce qu’elle allait se prendre en pleine gueule au fil des années. Elle avait vingt ans et elle l’avait aimé, comme on n’aime qu’une fois dans sa vie, l’abnégation dans les paumes, prête à lui offrir tout et à ne rien demander parce qu’elle était amoureuse, amoureuse, amoureuse, parce qu’il était magnifique et qu’elle l’était aussi, parce qu’il était sa première fois et qu’ils s’accordaient extrêmement bien, comme deux instruments qui joueraient de concert sans se préoccuper de ce qui pouvait bien se passer autour. Elle avait vingt ans et elle lui avait écrit, d’abord une longue lettre où elle lui racontait quelques tranches de vie, s’enquérant toujours de ce qu’il devenait, ce qu’il écoutait comme musique et ce qu’il mangeait comme friandises, curieuse, adorable et touchante. Les courriers s’étaient espacés car il lui revenaient tous, et elle ne comprenait pas, Eloïse, pensait à une mauvaise blague, il s’était sûrement moqué d’elle et il reviendrait un jour pour lui dire « ah, je t’ai bien eue, tu n’as pas mon adresse mais maintenant, tu m’as moi ». Elle avait imaginé ce moment, y avait ajouté un brin de romance et d’érotisme parce qu’elle se souvenait de la façon qu’il avait d’effleurer l’intérieur de ses cuisses et elle se souvenait aussi de ses doigts trop froids contre sa peau trop chaude, elle avait attendu à la porte, Eloïse, chaque jour, espérant entendre toquer un jour parce qu’il savait où elle vivait et qu’il pouvait revenir à tout moment. Dans les dernières lettres, elle avait tendance à utiliser un langage plus fleuri pour lui parler, oubliait toute convenance pour lancer des noms d’oiseaux dans le vide en espérant lui faire du mal, même s’il ne les lirait jamais, parce qu’on dit bien que nos oreilles bourdonnent quand quelqu’un nous critique. Elle avait voulu le détester, Eloïse, avait foncé dans d’autres bras et embrassé d’autres peaux, mais n’avait jamais réussi, parce qu’il était solaire, pur, parfait et magique, dans tous les sens du terme. Elle n’avait pas réussi à le détester. Mais elle avait réussi à tourner la page.

Elle avait connu Urizen, Eloïse. Ils n’avaient jamais rien fait ensemble, jamais prononcé un mot plus haut que l’autre, mais elle avait l’impression, au fil du temps, qu’il avait colmaté la béance qu’avait laissée Anders dans son cœur et la vérité, douloureuse, brute, c’est qu’elle n’avait plus vraiment besoin du métamorphomage. Tout allait bien sans lui, pas bien dans le sens génial mais aussi bien que ça pouvait aller. Urizen lui fournissait ses antidépresseurs, les dosait suffisamment pour qu’ils ne la rendent pas KO mais pour qu’ils atténuent l’arythmie de son cœur lorsqu’elle avait passé une journée difficile. Urizen la faisait rire parfois, pleurer souvent, et au-delà de tout, Urizen était là, même s’il semblait parfois absent, parfois distant. Il était là et elle le serrait contre elle, embrassait son cou, il était là et elle lui disait des jolies choses, lui soufflait qu’elle l’aimait et qu’il lui était essentiel. Ce n’était pas toujours vrai, pas au début en réalité, mais Eloïse vivait de ça, les petits mots prononcés qui font du bien aux autres et qui reviennent en boomerang vers elle en lui balançant des sentiments positifs, uniquement positifs.
Anders n’avait pas su pour son don. Il n’avait pas su pour beaucoup de choses, en réalité, à commencer par la prise de pouvoir de Grindelwald et l’ostracisation des moldus. Il n’avait pas été là lorsqu’elle avait dû accrocher cette rune rouge à ses vêtement, pas là non plus lorsqu’elle avait rendu sa blouse au directeur de St Mangouste et qu’elle s’était effondrée en larmes. Il n’avait pas été là, et c’est pour ça qu’elle lui en veut, Eloïse. Elle ne le montre pas, mais elle lui en veut, terriblement, éternellement. Elle lui en veut pour l’avoir oubliée, pour l’avoir laissée n’être qu’un nom parmi d’autres, une énième conquête à son tableau de chasse et rien de plus. Elle lui en veut pour n’avoir jamais rien envoyé alors qu’il connaissait son adresse, elle lui en veut pour n’avoir jamais plus essayé de la revoir. Elle lui en veut, mais elle sourit, se love contre lui, elle le laisse la soulever et dire ces mots qui n’ont pas vraiment de sens. Je n’ai reçu aucune de tes lettres, il dit, comme si ça justifiait de ne pas être revenu une seule fois pendant tout ce temps, comme si ça pardonnait tout, comme si ça effaçait l’ardoise et remettait les compteurs à zéro. Elle aimerait lui hurler dessus mais 1) ça ne lui ressemble pas et 2) elle sent la culpabilité, sournoise, discrète, se faufiler dans ses pensées, ressortir au-delà de tous les autres sentiments, affection, nostalgie, tristesse, inquiétude. Culpabilité. Anders n’a pas besoin qu’elle lui rappelle ses fautes : il en est pleinement conscient.

Un moment, elle l’observe, yeux accrochés aux siens, lèvres déraisonnablement proches de sa bouche, l’envie de l’embrasser lui agrippant le ventre et la déchirant de l’intérieur, il ne faut pas, il ne faut pas elle pense, persuadée de souffrir encore, persuadée aussi qu’en dix ans, il a tenté de l’oublier comme elle l’a fait pour lui. Elle sourit, Eloïse, recule un peu pour le forcer à lui remettre les pieds sur terre, aux sens littéral comme figuré. Elle a du mal à le lâcher parce qu’elle a déjà planté ses ongles dans ses épaules, parce qu’elle a peur qu’il s’évapore si elle ne le retient pas, parce qu’elle ne sait pas si elle survivrait à une nouvelle disparition maintenant qu’il est revenu, mais elle le fait quand même et s’approche de la coiffeuse sur laquelle s’étale un bazar terrible. Elle ne saurait expliquer pourquoi elle a précieusement gardé toutes ses lettres, pourquoi elle s’est accrochée au mince espoir de le revoir un jour et de pouvoir lui donner, pourquoi elle veut le faire aujourd’hui, mais rapidement, elle extirpe un petit ballotin du tas de vêtements/maquillage/argent liquide exposé à la vue de tous. « Je sais que tu n’as pas reçu mes lettres », elle dit distraitement, comme elle parlerait du temps qu’il fait, et elle lui tend le paquet de lettres, sourire au coin des lèvres. « Tiens, tu as du courrier. » Elle n’a pas d’animosité dans la voix, Eloïse, ce n’est pas son style, elle n’est jamais méchante ou rancunière et même si elle a autrefois voulu l’être, elle n’a jamais réussi. Anders devait avoir ses raisons pour ne pas revenir, pour ne pas lui écrire, des raisons qu’elle ne comprend pas mais des raisons tout de même. « Je travaille ici », répond-elle lorsqu’il a pris les lettres, sans lui laisser le temps de les observer ni de les comprendre. Il n’y a rien d’autre à dire, en réalité. Elle travaille ici, point. Elle pourrait lui donner des raisons, lui parler de sa recherche constante d’émotions positives, mais il ignore tout de son don, et même si elle devra aborder le sujet tôt ou tard, elle considère que ce n’est pas le moment. Lorsqu’il relève les yeux vers elle, elle pince ses lèvres et montre la rune accrochée à sa poitrine. « Je ne pouvais plus être médecin, Anders. » Pour la première fois depuis qu’elle l’a retrouvé, sa voix flanche. C’est toujours douloureux pour elle d’évoquer le passé, de se souvenir d’une époque où elle était plus libre, plus heureuse, plus utile. Il hurlerait, Anders, s’il savait qu’elle n’est pas obligée de se prostituer, qu’elle pourrait parfaitement vivre avec ce que lui donne Neron Travers pour surveiller ses gamins. Il hurlerait parce qu’il ne comprendrait pas. « Tu as raté pas mal de choses », elle murmure, et son sourire n’est plus là pour rappeler qu’elle ne lui en veut pas, son sourire se fait la malle en même temps que sa bonne humeur, parce que les émotions d’Anders la transpercent, parce qu’elle sent qu’il s’inquiète et qu’il ne comprend pas, qu’il ne comprend rien, et ça la rend toute aussi confuse que lui.
Elle le regarde un moment, incapable de trouver une faille, un défaut chez lui, parce qu’il est magnifique, Anders, il est beau beau beau et elle sourit malgré elle, dents accrochées à sa lippe inférieure, ignorant la culpabilité qui étreint l’australien et qui commence à peser sur son cœur. « Comment vas-tu, toi ? » Un moyen détourné de ne pas répondre à sa question. Elle ne veut pas lui expliquer qu’elle va mal, qu’elle se bourre de médicaments, elle ne veut pas lui dire qu’elle a compté les jours depuis son absence (jusqu’à ce qu’elle ne les compte plus), elle ne veut pas non plus avouer qu’elle n’attend rien de lui, ni amour ni argent ni pitié ni même amitié, elle ne veut plus parler de sa vie parce qu’une partie d’elle, celle qui est fière, cette qui est digne, refuse de lui laisser l’avantage.
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