- THE PROPHET IS DYING -

"Parlez-nous un peu de vous. Si vous deviez vous décrire en quelques mots que diriez-vous ?"
Teodora, douce enfant aux traits purs, aussi pur que le sang que charrient ses veines pâles. Teodora, porteuse d’un nom synonyme de malheur. Elle traîne avec elle ce mauvais œil, cette malchance qu’elle distribue à ceux qui l’entourent. Le don de voyance, craint et respecté par l’ensemble des sorciers. On la consulte comme jadis les oracles d’Apollon, oubliant que derrière les yeux vides se cache une âme. Pourtant elle est là, bel et bien là, retranchée derrière une forteresse imprenable, érigée en rempart protecteur autour de son cœur et de son esprit. Née tardivement, elle n'était pas le troisième garçon tant désiré. De la déception paternelle naquit une profonde solitude, enfantée dans la douleur et les larmes. Combien de temps a-t-elle passé, enfermée dans sa chambre, ballottée comme un fétu de paille par le temps et les reproches de son géniteur ? Il aura fallu la présence rassurante de Perseus pour faire sortir Teodora de sa coquille. Teodora s’est alors révélée passionnée, acharnée. Elle s’efforce aujourd’hui d’aider les autres, de tendre la main amicale et aimante que Perseus a un jour tendu vers elle. Par ses mots et ses gestes, l’enfant prodigue réconfort et soins à tous ceux qui le réclament. Son enfance et son adolescence ont tout de même laissé leur trace, puisque la jalousie, monstre impérieux, lui dévore le cœur à chaque instant. Si elle parvient à se refréner, c’est essentiellement à l’éducation de ses parents qu’elle le doit. Une grande maîtrise de soi fait un bon sorcier. Ce mantra, elle l’a subi toute sa vie, et tremble à l’idée d’y manquer.

"Grindelwald domine l'Angleterre et la Bulgarie depuis 6 ans. En quoi cela-t-il influé sur votre quotidien ?"
S’ils ne sont pas arrivés les premiers sur le sol britannique, Marko et Teodora ont bien vite rejoint ce nouveau pays. Emmenant leur fille unique avec eux, le couple s’est établi et a prospéré sous la coupe du nouveau Ministre de la Magie. Il n’aura pas fallu longtemps pour que Marko gravisse les échelons et impose sa marque dans la société anglaise. D’abord réticente, Teodora s’est rapidement laissée entraîner dans ce tourbillon de fêtes et de réjouissances, qui lui rappellent tant la gloire passée des Zdravko. Mais derrière le faste et l’opulence, elle discerne les fêlures, les murmures et les regards en coin. Au bout de six années d’une existence dorée, la médicomage observe avec clairvoyance les failles de cette nouvelle aristocratie. Elle note les dissensions, entend les voix qui s’élèvent contre Grindelwald, vite étouffées par ses spaseni. Et sous ces voix résonne un nouveau nom. Un autre mage noir s’élève, accompagné de ses partisans. Voldemort. Craint, le sorcier menace de mettre l’Angleterre à feu et à sang pour récupérer ce qu’il estime lui revenir de droit. Objets d’une véritable chasse à l’homme, lui et ses mangemorts se cachent, espionnent, assassinent. Ils sont pourtant là, assis à côté d’elle, dînant à sa table et l’abreuvant de compliments, de sourires enjôleurs. Mangemorts, spaseni, rebelles. Tous se mêlent et cherchent à s’approprier son don, pour soutenir leur cause. Mais elle résiste, en apparence fidèle à neutralité qui est celle de son époux. Fidèle, mais respectueuse du gouvernement.

"Vous voyez un passant dans la rue se faire malmener par deux spaseni, serviteurs de Grindelwald, que faites-vous ?"
Il y a encore quelques années, Teodora se serait montrée insensible à la scène. Non pas par indifférence, mais parce qu'elle avait été forgée en ce sens. Tout, dans son éducation, la poussait à croire à une suprématie des sang-purs, à une indéniable supériorité. Depuis son enfance jusqu'à l'aube de sa vie d'adulte, elle n'avait eu de cesse de croire à cette sacro-sainte parole. Il a fallu attendre la naissance de sa fille pour lui faire comprendre à quel point toute existence est précieuse. Mêlé ou pur, né-moldu ou créature magique, chaque vie compte, et ce n'est pas à un seul d'entre eux de statuer sur leur sort. Aujourd'hui, Teodora serait révoltée, mais, encore emprisonnée dans ce carcan, n'oserait pas faire un pas pour défendre la triste victime. Si elle ne penche ni du côté de Grindelwald ni du côté de Jedusor, elle n'est pas encore prête à rejoindre la résistance et à s'élever contre les partisans des deux mages noirs.

« Vous voila devant le miroir du Riséd, que pensez-vous y voir ? »
Comme beaucoup d'autres avant elle, Teodora se prend à rêver à un passé qui n'a jamais existé. Un passé où elle aurait fait preuve de courage, s'affirmant, se dressant contre Lazar et ses manigances retorses. Elle aurait imposé son choix, imposé Perseus Greyback, et donné naissance à leur enfant dans la plus grande légitimité. Au lieu de cela, elle s'est laissée faire, acceptant sans broncher les choix fait pour elle, pour son avenir. Elle aurait dû voir venir les choses, mais son troisième oeil était resté muet face à la tragédie qui se jouait. Ce faisant, elle a forgé elle-même les barreaux de sa prison dorée, s'enfermant délibérément dans une union qui n'était pas celle qu'elle désirait. Maintenant, elle ne peut que se blâmer pour cela et espérer retrouver un semblant de contrôle sur sa vie.  

« Par chance, vous vous trouvez en présence des trois reliques de la mort, mais vous ne pouvez en choisir qu’une. Laquelle prendriez-vous ? »
Effrayée par le pouvoir de ces trois puissants artefacts, Teodora se révélerait probablement incapable de faire un choix. Depuis qu'elle a entendu parler de ce conte et des reliques, elle ne ressent qu'une crainte mêlée d'un profond respect. L'humilité qu'elles lui inspirent font que la sorcière tendrait à s'écarter. Au-delà de la noire légende qui poursuit ces trois objets, c'est toute la puissance magique qu'ils renferment qui l'inquiète. Détenir ne serait-ce qu'une seule de ces reliques serait déjà bien trop de pouvoir accordé à une seule personne. Seule la cape d'invisibilité semble l'attirer, tant pour sa symbolique que pour son utilité.