I see the fire in the sky, see it all around me. I said the past is dead, the life I had is gone. Said I won't give up, until I see the sun. Hold me now, 'til the fear is leaving, I am barely breathing.
Paris – 1947 Tes larmes se sont taries, laissant derrière elles tes yeux rougis pour témoin. Ton cœur bat encore, pourtant tu as l'impression qu'on te l'as arraché. Tes poumons trouvent difficilement la force d'inspirer l'air qui t'es vital. Tu n'es plus rien, Judith. Plus rien qu'une carcasse vide. Le fantôme de celle que tu as été, de celle que tu aurais pu être. Les images encore fraîches défilent devant tes yeux, encore et encore. Tu ingurgites verre après verre. Priant pour que la liqueur efface les images, les sons, les odeurs. Priant pour oublier. Priant pour que tout ça ne soit qu'un mauvais cauchemars. Mais peut importe ton degrés d'intoxication, Judith, ça ne changera rien et tu le sais. Mais tu préfères encore mourir dans un coma éthylique que d'accepter que David est mort. Tu préfères te détruire se soir plutôt que d'accepter que tu n'as plus personne. Qu'en se suicidant devant tes yeux, ton frère vient de te porter le coup fatal. Celui qui fait de toi un être animé mais pas vraiment vivant. Tu préfères crever dans un caniveaux ce soir, plutôt que de rentrer chez toi et de constater qu'il n'y est pas. Qu'il n'y sera plus jamais. Tu préfères laisser des types dégueulasses se servir de toi ce soir, plutôt que de penser à l'enterrement que tu dois organiser. Alors tu laisses l'alcool te brûler l’œsophage et embrouiller ton esprit. En partant, David a pris avec lui ce qui te restait de combativité. Et tu lui en veux Judith. Tu sais ô combien c'est égoïste, toi qui ne comprendras sûrement jamais ce qu'il a vécu. Les horreurs qu'il a vu. Toi qui a choisi de rester cacher loin de l'horreur. Loin de lui. Tu sais que c'est égoïste de lui en vouloir d'avoir mis fin à ces jours, quand tu l'as entendu hurler dans ses cauchemars. Quand tu as vu dans ses yeux qu'il était partit depuis bien longtemps ton frère. Tu sais que c'est égoïste, mais tu ne peux pas t'en empêcher, Judith. Tu ne peux pas, parce qu'il était tout ce qu'il te restait de ta vie d'avant. De cette vie où tu osais encore être heureuse, rêver, rire, danser, aimer. Tu lui en veux, parce que sans lui, tu n'as plus aucune raison de continuer à te battre. Tu lui en veux, parce que lui est partit rejoindre vos parents, Mason et tous ces amis qui ont péri dans cette guerre stupide., alors qu toi t'es toujours ici. Dans ce monde pourri jusqu'à la moelle. Dans cet univers qui ne veux pas de toi mais auquel tu t'accroches. Parce qu'on t'a donné le pire des fardeaux, un instinct de survie surdimensionné, un besoin de vivre malgré tout. Tu lui en veux parce qu'il te laisse seule. Seule avec ta peine, seule avec ta misère. Seule. Tu lui en veux parce que tu aurais tout fait pour lui, pour lui redonner le sourire, mais que tu as échoué. Mais au fond, tu t'en veux, surtout. Tu t'en veux d'avoir échoué, de ne pas avoir pu l'aider. Tu t'en veux de ne pas pouvoir comprendre. Tu t'en veux presque de vivre et de ne pas avoir le courage de le rejoindre. Alors tu bois, encore et encore, comme si ça pouvait gommer ta culpabilité, comme si ça pouvait changer quelque chose. Tu cesses de te battre et tu laisses le vice de l'alcool te dévorer.
Tu ne sais même plus à combien de verre tu en es, Judith. Mais tu sais que ta tête tourne légèrement, que ton cœur ne te fais plus si mal et que les images sont floue maintenant. Demain, le réveil sera difficile, mais ça, tu t'en fou. Avec ou sans alcool, l'absence de David te sera toujours difficile. Comme celle de Mason.
Prends soin de lui... Tu espères qu'ils sont ensemble, là haut. Tu espères qu'ils prendront soin l'un de l'autre. Pour toi. Tu espères, mais ça n'aidera jamais à combler le vide qu'ils laissent derrière eux. Tu espères, mais au fond ça ne change pas le fait que tu sois seule avec l'alcool pour seule amie fidèle. «
Un autre. ». T'es en train de foutre toutes tes économies là-dedans, Judith, et tu t'en contre fiche. Tu ne sens même pas les larmes qui commencent à couler le long de tes joues de nouveau. Tu as réussis à t'anesthésier. Et c'était ce que tu voulais. Tu voulais oublier les images, tu voulais oublier le son de coup de feu. Tu voulais oublier la vision du corps de ton frère qui s'étale sur le sol. Oublier. Tu t'empares du verre qu'on te serre d'un geste mécanique. Et tu ne sais pas vraiment ce qui te pousse à te lever, à monter sur une chaise et à commencer à chanter. L'alcool, sûrement. La folie, peut-être. La douleur, ironiquement.
Des yeux qui font baisser les miens,
Un rire qui se perd sur sa bouche,
Voilà le portrait sans retouche
De l'homme auquel j'appartiens.
Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas,
Je vois la vie en rose. Tu n'appartiens à aucun homme, mais ça ils n'ont pas besoin de le savoir. Et tu continues pauvre enfant. Tu leurs chante la
La vie en rose alors que la tienne n'est teinté que de gris et de noir. Triste mélancolie, douloureuse ironie. On t'écoute, les regards se tournent vers toi. Et tu aimes ça. Tu aimes attirer leur attention. Tu aimes qu'ils se taisent pour t'entendre chanter. Parce que c'était ce dont tu rêvais autrefois. Quand il y avait encore l'innocence et la joie dans tes prunelles bleues. Tu leurs offres ta voix, tu leur offres la seule chose qui te reste, la dernière chose qui te donne encore un peu d'espoir. Et quand la chanson arrive à sa fin, tu as un pincement au cœur. Tu n'aimes pas les fin. Tu n'as jamais aimé ça, mais là, c'est devenu encore plus douloureux. Là, tu voudrais chanter jusqu'à ce que tes cordes vocales lâchent. Mais tu ne peux pas et tu te rassoies alors que les dernières paroles s'envolent encore jusqu'à leurs oreilles. Et d'une traite, tu vides ton verre. Tu n'es plus rien qu'une carcasse vide avec une voix d'ange. Un ange à qui on a coupé les ailes. Un ange déchu, un ange perdu. Tu offres un sourire forcé à la jeune femme assise prés de toi, te demandant à quel moment elle est arrivée là.