Hope when you take that jump, you don't fear the fallT'es trop jeune, Lucy, attends encore un an ! Dans un an ils auront un nouvel Attrapeur avec un an d'expérience et là, je n'aurai pas la moindre chance ! Enfilant une tenue de Quidditch faite de bric et de broc, la toute jeune Gryffondor se retourna vers sa voisine de lit. Remontant d'un geste décidé la fermeture de son sweat rouge et or, elle faisait la moue.
Ca coûte rien d'essayer. Son interlocutrice soupira et rendit les armes. Si elle avait appris quelque chose de leur deuxième année, c'était que si Miss Douglas voulait quelque chose, impossible de la faire changer d'avis. Même si ça voulait dire parfois qu'elle se plantait lamentablement. Elle lui montra donc la porte, que Lucy prit, menton relevé, balai emprunté à un camarade plus âgé à la main. Dès qu'elle avait vu la vitrine de Quality Quidditch Supplies, elle avait su ce qu'elle voulait, ce pourquoi elle était née. Voler. Et les premiers cours sur balai lui avaient donné raison. Aussi ne tremblait-elle même pas quand elle s'aligna avec les autres prétendants au poste d'Attrapeur. Il y avait deux garçons de son année et très peu de filles. Cela n'avait pas d'importance. Parfaitement concentrée, elle ne sourcilla pas quand ils leur demandèrent des démonstrations de techniques de vol, certains se faisant déjà éliminer. Et quand ils leur demandèrent d'aller à l'endroit habituel d'où ils décollaient et de sauter ... Tout le monde se regarda un temps. Ils voulaient ... quoi ? Certains reculèrent. D'autres froncèrent les sourcils. Lucy, quant à elle ... éclata de rire. Elle fit quelques pas en arrière, puis s'élança d'un coup. Et, comme elle le soupçonnait, un balai n'attendait qu'elle, hors de vue et ensorcelé par un membre de l'équipe. Sous les sifflets et les applaudissements, elle atterrit, alors que le capitaine lui posait la main sur l'épaule :
On va quand même te faire attraper le Vif ... mais considère ça comme une formalité. Sourire radieux en réponse. Vif attrapé en cinq minutes (sur un périmètre restreint, mais quand même), une confiance parfaite dans ses coéquipiers ... c'était parti pour six ans de Quidditch chez les Lions !
Hope when the crowd screams out, they're screaming your nameLe match battait son plein.
Concentre toi. Ignorant superbement et ostensiblement l'Attrapeur Adverse, Lucy faisait le tour du terrain, lentement. Pourquoi perdre son temps à le surveiller ? Il était de notoriété notoire que sa vue déclinait et sa tactique était plutôt claire : il comptait la suivre comme son ombre en espérant la prendre de vitesse lorsque le Vif d'Or ferait son apparition. Et elle avait déjà son propre plan d'attaque, en réponse à cette décision complètement stupide et montrant à quel point il ne méritait pas le poste qui était le sien. Son équipe allait perdre, tout simplement.
Nous ne sommes vraiment pas l'Orgueil de Portree pour rien. Ils pêchaient souvent par excès de leur propre nom, ce qui expliquait d'ailleurs que les deux équipes soient au coude à coude alors que les Poursuiveurs de l'équipe de Douglas étaient vraiment meilleurs. Il fallait qu'ils se concentrent. Et il n'était pas question qu'elle tombe dans le même travers.
Ma technique est parfaite. Repoussant une longue mèche incendiaire derrière son épaule, elle fit un tour au-dessus des tribunes des supporters qui scandèrent son nom à son approche. Ils en voulait plus, elle le savait, mais pour l'instant elle ne pouvait faire qu'att... Non. Un éclat doré venait de faire son apparition au-dessus des buts adverses.
Je te vois... Il n'y avait plus qu'à se mettre en marche. En une seconde, elle passa au maximum de la vitesse de son balai, se couchant sur le manche. Son ouïe l'informa que son adversaire la suivait, comme prévu. C'était un coup de poker. A pleine vitesse, elle fonçait vers les poteaux adverses ... et piqua vers le sol. Tomberait-il dans ce panneau pourtant si év...
Je te tiens. Il fonçait à ses côtés, cherchant visiblement l'objet des yeux. Une fraction de seconde, elle le regarda. Sourit. Et remonta d'un coup. Elle avait prévu sa manoeuvre, lui pas.
Hasta la vista, baby ! Il ne se prendrait sans doute pas le sol mais il était déjà trop tard. Les ailes étaient visibles ... et sa main se referma sur l'objet volant tant convoité, qu'elle brandit en laissant éclater sa joie. Coup de sifflet final.
PHÉNIX ! PHÉNIX ! PHÉNIX ! Retrouver les coéquipiers. Accolades. Et surtout tour d'honneur, sur cette superbe musique dont elle ne se lasserait ja-mais.
Hope if everybody runs, you choose to stayQue devrais-je faire de lui ? Les couloirs de Poudlard, cinquième année de Lucy. Tout le monde se pressait pour aller dans la Grande Salle. Tout le monde ? Pas vraiment. Des élèves de Serpentard avaient attrapé au collet un deuxième année de Serdaigle qui avait apparemment eu le malheur de les percuter accidentellement. Et, à grand renfort de cris, ils espéraient attirer un public suffisant pour que l'humiliation de ce malheureux soit complète. Sortant de métamorphose, Lucy fronça les sourcils en voyant une petite tête ébouriffée toute pâle bouger dans tous les sens. Un pas en avant et on la retint par la manche :
Lucy ... non. Pivotant, elle fit face à son amie et leva les yeux au ciel :
J'aimerais bien te voir m'en empêcher. Ils sont quatre, tu es seule. Pour l'instant. Se défaisant de l'emprise de l'élève, elle s'avança. On connaissait Lucy, maintenant; cinq ans à écumer les couloirs, à éblouir les gens avec son incroyable chevelure de feu. Et ses performances au sein de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Tout le monde pariait sur elle pour devenir la nouvelle capitaine de l'équipe l'année suivante. Et elle n'était pas de ceux qui laissaient faire ce genre de choses, femme, née moldue, peu importait. Elle ne détournerait pas le regard, jamais. Sans la moindre hésitation, elle fondit vers le petit groupe. Bras croisés, elle les défia du regard. Elle savait très bien que sa classe suivait.
Pourquoi pas le reposer au sol et le laisser repartir ? Un regard méprisant la jaugea, l'examinant des pieds à la tête et de la tête aux pieds. Avant de se détourner, dans un reniflement moqueur :
Quelqu'un a entendu quelque chose ? Expelliarmus ! Elle l'avait eu par surprise, elle en était consciente. Récupérant l'objet, elle plissa le nez alors qu'il se tournait subitement vers elle :
Comment oses-tu ? Ses copains pointaient déjà les leurs vers elle ... mais cinq autres sortirent des manches d'élèves. Et encore d'autres. Sans frémir, Lucy s'avança. Tapant sur les doigts qui tenaient le petit, elle lui fit lâcher et attendit qu'il ait disparu pour lui rendre sa baguette. Imperturbable, elle sourit au garçon :
Apprends que pour une injustice, il y aura toujours au moins dix personnes à se lever. Et c'est comme ça qu'on gagne.Hope that you fall in love, and it hurts so badJe ne t'écrirai pas. Les yeux de Lucy fuirent ceux de Nicholas, qui pesaient sur elle. Ils avaient toujours eu le don de la désarmer et, si à Poudlard cela avait pu avoir son charme, là, elle avait surtout envie de hurler, de le frapper, pour qu'il lui montre autre chose que cette placide confiance. Ce n'était pas comme s'il lui disait qu'il partait en vacances et n'aurait pas de moyen de la contacter. Il s'en allait à la guerre. A la
GUERRE ! Se battre avec des armes moldues. Evidemment qu'il ne lui écrirait pas. Elle pouvait déjà s'estimer heureuse qu'il ait pris la peine de venir la voir à Pré-au-Lard avant de partir. Jamison attendait, un peu plus loin, pour lui faire également ses adieux. Et elle n'en avait pas envie. Ils n'avaient pas quitté l'école depuis un an que déjà ils s'embarquaient ... Elle n'avait même pas envie d'y penser. Parce que c'était au-dessus de ses forces. la forte Lucy, rayonnante et frondeuse n'était plus qu'une adolescente qui regardait au-dessus de l'épaule du premier garçon qu'elle avait aimé, qui était en train de lui dire qu'il partait vers une mort probable.
Lucy, s'il-te-plaît ... Quoi ? Il avait gagné, elle le regardait à nouveau et sa voix avait tremblé, plus rauque que d'ordinaire.
Dis quelque chose. Un milliard de réponses lui vinrent aux lèvres, qu'il était fou, qu'ils étaient fous, qu'elle ne voulait pas qu'il y aille, qu'elle ne lui devait rien étant donné qu'ils avaient rompu quand il était parti de Poudlard, qu'elle lui souhaitait bon courage, que s'il ne revenait pas, elle le ressusciterait pour mieux le tuer elle-même ... Elle en était incapable. Aussi répondit-elle simplement :
Quelque chose. Un mince sourire vint rehausser les lèvres qu'elle aimait tant et elle sentit son coeur se briser. C'était une chose de l'avoir laissé se séparer d'elle, sachant que deux ans après ils pourraient peut-être reprendre, ou peut-être pas, et qu'elle le verrait pendant les vacances en attendant.
Ca, c'était autre chose ... Il s'approcha et déposa un léger baiser sur son front. Son être entier se brisa. Retrouvant ses yeux, elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit. Nicholas avait compris. Avec un léger rire un peu triste, il dit simplement :
Je sais. Moi aussi. Et il n'était plus là. Jamie restait. Et Lucy se jeta dans ses bras, incapable de résister plus longtemps. Le visage contre le torse de son ami, elle se força à ne pas sangloter :
Ramène-le en vie ... s'il-te-plaît. Avant de le regarder :
Et reviens. Evidemment. As if ...
The only way you can know is give it all you haveDéjà sur le terrain, Douglas ? Short et débardeurs assortis, aux couleurs de l'Orgueil de Portree, allongée dans l'herbe, Lucy s'accordait quelques secondes de répit entre deux séries d'abdominaux. Sa longue chevelure rousse retenue en queue de cheval était tout de même visible de l'autre bout du terrain, d'où son capitaine l'interpelait.
You know it, Porter ! Et elle repartit, sans sourciller. Ce qui arracha un rire au jeune homme. Toujours là au moins une heure avant les autres, elle ne se laissait aucun répit. En partie pour ne pas penser à ceux qui risquaient leur vie quelque part en Europe, et surtout parce qu'elle avait très bien compris qu'en tant que femme, on en attendait douze fois plus que des autres. Il n'avait pas été si facile d'entrer dans cette équipe, malgré les recommandations de ses professeurs de Poudlard et la présence de recruteurs dans le stade de l'école pendant sa dernière année. Cependant, ils avaient fini par la prendre, devant son insistance et ses performances. Et être titulaire, au bout de quelques mois seulement, ce n'était pas rien. Certes, la blessure de l'autre Attrapeur l'avait bien aidée - on s'était demandé un temps si elle en était à l'origine, avant de se dire que c'était stupide, une femme, après tout ... Et depuis, elle se donnait corps et âme pour ce sport qui était devenu toute sa vie. Gagner bien sa vie n'était maintenant plus un problème, même si elle devait sans doute toucher moins que ses collègues ou que d'autres Attrapeurs, elle s'en moquait. Elle avait un compte à Gringotts à son nom (que l'entraîneur avec ouvert pour elle, certes, mais ce n'était qu'un détail), et gardait une partie de son argent ailleurs. Tout allait pour le mieux, c'était certain. Alors elle n'allait pas relâcher ses efforts. Et qui savait, peut-être qu'un jour elle dépasserait cette équipe pour prendre son envol ailleurs ...
And I hope that you don't suffer but take the painNe pleure pas. Ils étaient deux cette fois-là. Cain n’avait pas pu résister longtemps et elle avait compris dès qu’elle avait vu Daniel entrer dans la pièce. Il y avait eu ce bref effleurement, devant sa cage, quand son meilleur ami lui avait montré son acquisition. Et ce qu’elle avait vu dans ses yeux l’avait fait frissonner malgré elle. L’obscurité avait sans doute empêché le Weasley de le remarquer, mais il se délectait par avance de ce revers de fortune. Daniel … C’était lui qui s’avançait. Pour l’instant sa baguette à la main, mais elle connaissait Cain, elle savait quelle serait la formule. Et c’était déjà plutôt insupportable. Les multiples séances de son maître l’avaient endurci, avaient augmenté son seuil de résistance à la douleur. Les yeux rivés sur le plafond de la cellule dans laquelle les « séances » se déroulaient, elle revivait ses matches de Quidditch, qu’elle connaissait par coeur. Il lui suffisait de se projeter dans le salon d’un de ses coéquipiers de l’Orgueil de Portree, où ils revoyaient quelques images du match pour le debrief. Pour l’instant, c’était suffisant pour ignorer celui qui se penchait sur elle, pour ignorer les brûlures, les coupures et autres sensations. Elle pouvait supporter la douleur, surtout si elle ne le regardait pas. Surtout si elle ne pensait pas au fait qu’il la tienne responsable de son accident. De son renvoi de l’équipe. Même si c’était il y avait des années.
Ne crie pas. Il venait d’apparaître dans son champ de vision, de manière à ce qu’elle ne puisse pas l’ignorer. Les multiples sensations commençaient à la rattraper, se diffusant douloureusement dans tout son corps. Son système nerveux ne pourrait pas résister indéfiniment. Il avait un regard fou, qui lui coupa le souffle. Cain parlait, mais elle ne l’entendait pas, et lui non plus sans doute.
Regarde-moi ! Sa poigne sur son menton n'était pas nécessaire. Elle ne parvenait plus à détacher son regard du sien. Par provocation. Et par appréhension. On ne pouvait rester conscient, rester droit, rester fier jusqu'au bout avec ce nombre de signaux négatifs de la part du corps. La tension était palpable. Il fallait qu'elle détourne le regard. Qu'elle trouve la force.
Respire. Ses iris retrouvèrent le plafond. Et soudain, un éclair. Et un éclat fulgurant. Comme des millions d’aiguilles lui piquant simultanément l’oeil gauche. Et une lacération. Un incendie au niveau de sa prunelle. Son hurlement déchira le silence de la salle. Il y eut des bruits de pas, mais elle s’en moquait. Elle se débattait, ses poumons se vidant de tout l’air qu’elle emmagasinait, ses cordes vocales vrillant sous l’effort. Jusqu’à ce que les ténèbres se referment sur elle. Et, alors qu’elle perdait connaissance, un murmure, juste à côté de son oreille :
Il semblerait que les larmes de Phénix ne guérissent pas tout …Hope when the moment comes, you'll say
I, I did it all
I owned every second that this world could give
I saw so many places, the things that I did
With every broken bone, I swear I livedDire que Lucy avait mal était un doux euphémisme. Prostrée au fond de la cellule qui était devenue sa "chambre" depuis son arrivée au manoir Prewett, elle s'était recroquevillée au fond, bien à l'écart de la lumière qui filtrait à travers les barreaux. Le front sur les genoux, elle essayait d'effacer la journée de son esprit, sans succès. Elle avait beau se concentrer sur ses souvenirs pendant que Cain s'acharnait sur elle, chaque coup, chaque entaille, chaque incision, chaque profanation de son être était comme marquée au fer rouge. Et pourtant, pas une larme ne coulait de ses yeux, même après toute une journée à endurer les pires sévices. Quelque chose lui disait que ça aurait pu être pire, mais elle refusait d'entendre cette voix. Il n'était pas question qu'elle trouve cela normal, ou clément. Une loi avait fait d'elle un objet, utilisable à la convenance de son propriétaire qui ne se faisait pas prier pour ça. Et personne ne l'arrêterait parce qu'il en avait le droit. C'était absurde. C'était insupportable. Et pourtant il n'y avait rien qu'elle puisse faire pour changer les choses. Elle n'avait jamais envisagé de supplier, ce n'était pas son genre et elle n'était pas sûre que cela soit une bonne idée, bien au contraire. Il n'avait visiblement pas besoin de serviteurs, elle en avait croisé suffisamment et sinon, elle serait déjà allée grossir leurs rangs. Il n'avait besoin de rien d'autre que d'une poupée bien sage à torturer et elle remplissait ce rôle à la perfection. Et pourtant ... il n'était pas question que cela dure. Doucement, pour ne pas risquer le malaise, la jeune fille déploya sa silhouette et fit un pas en avant (faire les cent pas n'était pas envisageable vu l'espace réduit). Il ne se servirait pas plus longtemps de son corps de la sorte. Rien de sexuel, rassurez-vous (elle était bien trop impure pour qu'il s'abaisse à cela), mais ce n'était pas plus acceptable. Il lui fallait un plan de bataille. Il lui fallait trouver un moyen de se rendre utile. De sortir de cette cage et d'exister. Ce ne serait pas simple, ce ne serait pas reluisant, mais il y avait bien quelque chose qu'elle pourrait faire pour lui. Les mains sur les barreaux, elle ferma les yeux et commença à réfléchir ...
Hope that you spend your days, but they all add upLaisse-moi sortir ... Serrant les mâchoires, Lucy passa devant la cellule qu'elle avait auparavant occupée. Pas un muscle ne tressaillait, son visage restait dur et impassible. Il n'était pas le seul à la supplier. Ils étaient trois, preuve que Cain s'ennuyait réellement en ce moment.
Pourquoi tu fais ça ? C'était une excellente question. Parce que le jour où il s'était échappé, elle avait compris que c'était l'opportunité qu'elle cherchait. Elle avait elle-même trouvé un moyen de se libérer et de s'enfuir ... mais à quoi bon ? Il la retrouverait sans le moindre doute et il n'était vraiment pas certain qu'il lui laisse la vie sauve. Alors, sans bruit, elle s'était glissée à la suite du malheureux et l'avait maîtrisé, non sans mal. Sa supériorité physique l'avait surprise et elle avait alors compris que l'aîné Prewett y allait plus doucement avec elle qu'avec les autres. Parce que les autres n'étaient pas ses Liés, mais des nés moldus qui avaient mystérieusement disparu et dont théoriquement personne ne pleurerait la mort tragique. Ou on ne les reverrait jamais. Sourde aux protestations du fuyard, elle l'avait assommé et traîné devant leurs cellules où elle avait attendu que Cain la trouve. Il avait compris. Et depuis, sa condition s'était légèrement améliorée. Légèrement. Elle l'avait entendu dire à Daniel que oui, il le laisserait s'exercer sur elle. Sa nouvelle chambre avait tout d'un placard, en tous cas vu la taille de la maison. Mais sa baguette était de retour. Et elle avait de nouveau sa vie en main. Plus en main en tous cas. Alors elle ne lui répondit pas. Elle passa son chemin, jusqu'à la dernière cellule. Où se trouvait une jeune fille d'environ seize ans. Ne rien laisser paraître. Ouvrir. Elle n'eut même pas à la stupéfixier. Elle était déjà sans volonté. Malléable. Une poupée de chiffons, reflet de ce qu'elle était avant. Et c'est sous les insultes des deux autres qu'elle la conduisit vers la Salle. Sans trembler. Sans fléchir. Mais le coeur brisé.
And when that sun goes down, hope you raise your cupTiens, c'est pour toi. Un léger sourire retroussa les lèvres de Lucy alors qu'une assiette fumante était poussée devant elle. L'odeur lui tordait l'estomac, qui protestait : elle mettait bien trop de temps à se jeter dessus. Elle voulait cependant profiter de chaque seconde, chaque volute, chaque odeur absolument délicieuse qui s'échappait de l'assiette. C'était une torture autant qu'un délice.
Mange, ça va refroidir. Sa main trembla alors qu'elle attrapait la fourchette, la plongeant dans le ragoût et ...
Oh p*tain ... Le couinement de ravissement que cela provoqua en elle fit rire son bon samaritain préféré. Cela faisait quelques temps qu'ils avaient cet arrangement. Quand Lucy partait en chasse d'une nouvelle victime, elle s'arrêtait ici, après la fermeture. Pas de noms, pas de questions. Cette personne savait juste quelle était sa condition (son air affamé et sa rune en disaient suffisamment long) et elle ... connaissait son visage, le nom de l'établissement qu'il... possédait ? Dans lequel il travaillait ? Etait-ce réellement important ? Absolument pas. Il ne demandait rien, elle non plus. Ce tête à tête était la plupart du temps complètement silencieux. Et le plus rapide possible pour qu'il n'ait pas d'ennuis.
Je n'ai jamais trouvé de meilleure utilité aux restes ... Sans un mot, elle hocha la tête, trop occupée à saucer son assiette avec un énorme morceau de pain. Et finalement, se tourna vers lui alors qu'il poussait une chope de Bierraubeurre vers elle, trinquant :
A des jours meilleurs ? Elle hésita deux secondes :
Tu sais que ça doit faire six ans que je n'ai pas bu d'alcool ? Il eut un rire franc devant autant de franchise, et secoua la tête :
Juste pour le toast alors ... Ca me va ... Un éclair de vie passa dans son unique oeil en activité et elle fit tinter son verre contre le sien :
A des jours meilleurs. Et merci.Oh, I wish that I could witness all your joy and all your painElle avait fini par succomber à la douleur. Sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire. Elle, ce n'était pas elle qui l'avait ramenée. Jamais elle n'aurait fait ça. Impossible de dire son âge, mais elle n'avait pas seize ans, clairement. Elle était trop jeune, bien trop jeune. Du fin fond de son esprit rendu bien trop dur, Lucy avait même commencé à faire germer un plan pour la faire échapper. La faire garder par son ami. Attraper quelqu'un. Lui faire boire du Polynectar. Rien n'était réellement envisageable, mais il fallait quand même qu'elle essaye ... Mais il était trop tard. Cain était parti avec un reniflement méprisant, la laissant seule avec le cadavre. Les yeux verts de la petite étaient ouverts, son visage encore ruisselant de larmes, sa bouche tordue dans une grimace de douleur. Elle n'avait quasiment pas crié, contrairement à d'autres. Elle avait montré plus de force que bien d'autres avant. Ce ne fut que quand elle ferma les paupières de la petite que Lucy se rendit compte qu'elle tremblait. Et qu'elle pleurait. Elle s'arrêta. Et s'effondra, littéralement. Son fessier heurta durement le sol, mais elle s'en moquait. Elle ne pouvait pas continuer comme ça, c'était impossible. Être complice de ces horreurs pour sauver sa propre vie .. ne valait-il pas mieux qu'elle meure, tout simplement ? Pour arrêter cela ... comme si. Comme si ça allait l'arrêter. Il prendrait quelqu'un d'autre, sans le moindre doute. On se débrouillerait de nouveau tout seul. Et personne ne serait là pour le regarder, pour l'arrêter de l'intérieur le moment venu. Le moment venu ... ça semblait dans si longtemps. L'unique oeil en état de pleurer s'était stoppé. Il fallait qu'elle se reprenne. Rapidement. Elle n'avait pas le droit à l'erreur, elle le savait bien, il ne pardonnerait pas. Et elle ne se le pardonnerait pas. Cette fille ne serait pas la dernière, le temps que cette dictature de la terreur et de l'horreur continuerait. Et ce n'était pas en baissant les bras que ça allait s'arranger, bien au contraire. Il fallait qu'elle réagisse. Et qu'elle commence à voir, lentement, ce qu'elle pouvait réellement faire. En attendant ... Elle se redressa. Sortit sa baguette.Et commença ce rituel qu'elle ne connaissait que trop bien. Les traits fermés. Y allant le plus doucement possible. Cette petite aurait une tombe. Il fallait juste qu'elle trouve où.
But until my moment comes, I'll say
I, I did it all
I owned every second that this world could give
I saw so many places, the things that I did
With every broken bone, I swear I livedApprends que pour une injustice, il y aura toujours au moins dix personnes à se lever. Et c'est comme ça qu'on gagne.