Ruth - Losing my Religion

"Parlez-nous un peu de vous. Si vous deviez vous décrire en quelques mots que diriez-vous ?"
Elle ne sait pas se décrire, pas vraiment. Dans le miroir, son reflet n'existe pas, parce que Ruth n'est rien d'autre qu'un désir, celui de son père, celui de Dieu aussi, et parfois les deux se confondent. La jeune femme possède une volonté propre bien sûr, mais ne sait comment l'exprimer, il y a quelque chose de traumatisé en elle, quelque chose de cassé surtout, par delà l'intelligence maligne et les demi-sourires dédaigneux. Des sanglots assez forts pour la déchirer en deux lorsqu' aucun livre n'est assez pour pour la dissimuler dans son histoire... Ruth est une femme que l'on laisse trop peu exister, dans cette société encore cruelle envers le sexe faible, modèle brouillon d'un héritier mâle finalement né, quelle est son utilité à présent ? Être puissante, oui mais pour qui, pourquoi ?
Son nom que l'on ne murmure pas....

"Grindelwald domine l'Angleterre et la Bulgarie depuis 6 ans en quoi cela-t-il influé sur votre quotidien ?"
Grindelwald n'est en rien celui qui domine sa destinée, non pas que la jeune femme ne respecte pas le mage noir, mais elle reste attachée à la domination de son père voilà tout, ainsi qu'à la bible aussi. Ce n'est pas avec elle que vous saurez parler politique, oh bien sûr elle a l'esprit assez affûté pour cela, simplement cela est un poil trop bas à son goût. Elle se contentera de vous citer un psaume ou deux d'une voix sibylline (pas l'épître aux Corinthiens, c'est surfait) avant de finir par une phrase entendue de son père certainement. Son père dont elle accepte de servir toutes les machinations, peu importe les conséquences....

"Vous voyez un passant dans la rue se faire malmener par deux spaseni, serviteurs de grindelwald, que faites-vous ?"
Elle ne fait rien, elle observe voilà tout. Peut-être est-elle apte à reconnaître les traits d'un visage, donner un nom à la victime, une identité ? Témoigner de sa manière de se comporter aussi, analyser, non pas pour crier à une injustice profonde mais bien pour tout rapporter à ce père tout puissant. Lui qui lui a appris que l'histoire se construisait sur de petits détails tels que ceux-ci, elle se veut ses yeux, elle se veut ses oreilles, quand bien même qu'il préférait qu'une autre bouche raconte cela avec la même acuité. Tais-toi, Ruth, tais toi, tu n'existes pas...

« Vous voila devant le miroir du Riséd, que pensez-vous y voir ? »
Elle y voit une tombe sur laquelle elle peut danser, elle y voit son père, ses sourires comme aux jours premiers, des sourires rien que pour elle, une tombe rien que pour son frère, et que cela est bon, que cela est beau ! Elle y voit un amour retrouvé, une vie qu'on l'autorise enfin à mener, et les lèvres de son père, prêtes à lui baiser son front pâle, il ne peut y avoir de meilleur bonheur que cela. Il y voit la mort, elle y voit la vie, SA vie, et il y a des couleurs enfin pour lui éclater au visage, pour lui éclater à l'âme et que jamais ses mains se tremblent encore. Parce que le traître est mort....

« Par chance, vous vous trouvez en présence des trois reliques de la mort, mais vous ne pouvez en choisir qu’une. Laquelle prendriez-vous ? »
La baguette sans hésitation, pouvoir et puissance ne sont qu'une même et unique entité, et Ruth estime que l'esprit peut pallier aux capacités des deux autres reliques, seul un faible se soucierait des trois à la fois. Une baguette pour laquelle ses mains ne trembleraient pas, une baguette pour un trône à venir peut-être, et des gens pour s'agenouiller devant elle, elle seule qui ait le droit d'exister. Être reine, déesse tout à la fois pour le simple usage d'une baguette en bois... Faire le mal avec, faire le bien ? Des prédispositions d'un autre âge, tout grand dessein mérite outrages et sacrifices, telle est la volonté du Seigneur.... s